L'agence d'évaluation financière Standard and Poor's (SP) a annoncé jeudi qu'elle envisageait de priver le Royaume-Uni de son triple A, la meilleure note possible qui constitue un précieux sésame sur les marchés.

Dans un communiqué, l'agence a indiqué qu'elle avait abaissé la perspective de la note AAA du Royaume-Uni à «négative» contre «stable» auparavant.

L'agence estime qu'elle a «une chance sur trois» de dégrader cette note au cours des deux prochaines années «si les performances budgétaires et économiques du Royaume-Uni se dégradent au-delà de nos prévisions».

Le ministère des Finances s'est empressé de nuancer cette décision de SP en soulignant, par la voix d'un porte-parole, que l'évaluation «aligne (l'agence) sur celles des deux autres principales agences de notation», Fitch et Moody's ayant déjà abaissé cette année la perspective de la note du pays.

«La route est difficile mais l'économie est sur la bonne voie», a ajouté le Ministère, sans oublier de souligner au passage que la France et les États-Unis n'avaient déjà plus le triple A auprès des trois agences.

Ce coup de canif de SP dans la note du Royaume-Uni intervient une semaine après le «discours d'automne» du ministre des Finances George Osborne qui a été forcé d'admettre que la cure d'austérité allait devoir durer un an de plus jusqu'en 2018 et qu'il ne tiendrait pas son objectif de réduction du ratio dette/PIB à partir de 2015/2016.

M. Osborne avait en outre révisé en forte baisse les prévisions de croissance du pays.

À peine sortie de la récession au troisième trimestre, l'économie britannique reste fragile et pourrait même de nouveau se contracter au quatrième trimestre, selon la Banque d'Angleterre.

Pour SP, la possibilité que le Royaume-Uni perde son triple A «pourrait arriver en particulier en raison d'une reprise économique retardée et inégale ou d'un affaiblissement de l'engagement politique à l'assainissement» des finances publiques.

Selon l'agence, de «futurs chocs au niveau de l'emploi ou de la croissance pourraient mettre une pression supplémentaire sur les finances publiques».

«La plupart des facteurs qui ont restreint la croissance au cours des dernières années vont continuer à le faire à court terme», pronostique SP, en citant l'impact de l'austérité sur l'activité, une consommation et un marché de l'immobilier en berne et une dette privée élevée.

La semaine dernière, M. Osborne avait tenté de relativiser une éventuelle perte du triple A du Royaume-Uni en soulignant le très faible niveau des taux d'intérêt du pays.

«Cela ne serait pas une bonne chose», avait-il reconnu. «Mais la notation est un des éléments» sur lesquels un pays est jugé, «un autre test» étant «le niveau des «taux d'intérêt que le pays doit donner pour que les gens lui prêtent de l'argent», avait-il nuancé.

Or, «nous empruntons en ce moment à des taux parmi les plus bas de l'histoire britannique car quand les gens regardent dans le monde, regardent les pays dans lesquels investir, ils pensent que la Grande-Bretagne est un bon investissement». Le gouvernement a «maintenu ces taux très, très bas car le monde a confiance en nous», avait-il affirmé.