Ce n'est pas un endroit reconnu pour être un refuge financier en temps de crise. Pourtant le Mexique, dont l'économie ne cesse d'impressionner, attire de plus en plus l'attention des investisseurs et des analystes.

Et contre toute attente, ce sont les banques mexicaines qui font surtout parler d'elles ces temps-ci en raison de leur solidité financière.

Les banques mexicaines font même la barbe à leurs sociétés mères européennes avec des bilans plus solides et une profitabilité bien supérieure.

Les BBVA, Bancomer, Banamex ou Santander Mexico (une filiale de l'espagnol Santander) affichent des rendements sur l'avoir net - une mesure de la profitabilité des banques - atteignant 20%, soit le double du rendement de leurs vis-à-vis européens, selon la firme Moody's.

Comme les choses ont changé depuis 1995, alors que la dévaluation brutale du peso avait terrassé les banques locales durant la «crise de la tequila». Il avait fallu créer un fonds d'urgence international de 50 milliards US pour sauver le système bancaire mexicain.

Plus fort que le Brésil?

Aujourd'hui, deux facteurs contribuent au succès des banques mexicaines: une économie en croissance soutenue et l'émergence d'une classe moyenne qui prend goût au crédit.

Personne n'aurait osé faire une telle prédiction il y un an ou deux.

Pourtant, le groupe financier asiatique Nomura en est maintenant convaincu: le Mexique va dépasser le Brésil, sixième puissance mondiale, et devenir l'économie dominante d'Amérique latine d'ici 10 ans.

«Le Mexique va dépasser le Brésil (...) dès 2022», porté par une forte croissance et une augmentation de sa productivité, avance Nomura dans une étude.

Le Mexique a connu une croissance économique de 3,9% en 2011 et les experts tablent sur une progression de 3,8% cette année en raison de la crise européenne. Reste que cela est environ deux fois mieux que le Brésil ou les États-Unis.

Le Mexique est, lui, à «l'aube d'une nouvelle ère» à un moment où des industriels s'y installent en raison du coût croissant de la main-d'oeuvre en Chine, soutient Nomura.

Les salaires moyens, calculés en fonction de la productivité, étaient de 3,06$US de l'heure au Mexique en 2010, contre 2,72$US en Chine. D'ici 2015, ils atteindront 5,30$US en Chine contre 3,55$US au Mexique, prédit Nomura.

La banque Barclay's souligne en outre que le Mexique est devenu le quatrième exportateur de voitures de la planète.

Cette année seulement, Nissan, Ford et BMW ont annoncé des plans pour ouvrir des usines ou pour accroître leur production au pays. L'allemand Audi est devenu le mois dernier le dernier fabricant à s'installer. L'usine de San Jose Chiapas, au centre du Mexique, va créer 3000 à 4000 emplois.

Visiblement, on ne va pas au Mexique uniquement pour le soleil. D'autres industries sont sur la pente ascendante au sud du Rio Grande, de l'aéronautique à l'électronique en passant par les télécommunications. Bombardier a d'ailleurs une usine importante dans la région centrale de Querétaro.

Dans une entrevue la semaine dernière avec des médias financiers, le responsable de la filiale mexicaine de la Banque Scotia a bien résumé l'attrait des banques pour le Mexique: la classe moyenne grandissante du Mexique alimente la demande de crédit pour toutes sortes de biens.

Troisième banque en importance au Canada, la Scotia prévoit accroître ses prêts aux familles mexicaines qui achètent de plus en plus de maisons, de voitures et de meubles. La Scotia, qui est présente dans 50 pays, a 710 succursales dans ce pays où elle vient tout juste d'acquérir d'autres actifs financiers.

Entre-temps, les industriels continuent de s'installer dans cette région du globe malgré la violence extrême qui a fait quelque 60 000 morts en six ans.

La guerre aux narcotrafiquants demeure une énorme tache noire au bilan du pays. La violence a coûté plus de 16 milliards CAN à l'économie mexicaine en 2011, soit 1,4% du PIB.