Selon Washington, on dénombre au moins 500 000 postes dans le secteur manufacturier parmi les 4,5 millions d'emplois créés ou récupérés aux États-Unis depuis 30 mois.

Il y a toujours plus de 8% de chômage aux États-Unis et la création d'emplois reste trop faible pour espérer une amélioration rapide du marché du travail. Les plus récentes statistiques indiquent tout de même que l'économie américaine récupère lentement les emplois perdus depuis la récession.

Et parmi les emplois qui sont créés, il y en a de plus en plus qui sont porteurs de signes encourageants pour l'avenir.

Il s'agit des emplois manufacturiers, qui reviennent tranquillement aux États-Unis, après avoir été exportés pendant des années aux quatre coins du monde par des entreprises obnubilées par la réduction de leurs coûts.

Les entreprises n'ont pas changé de cap, mais leur environnement se transforme et les force à s'adapter. Ces changements se font sur plusieurs fronts.

La main-d'oeuvre d'Asie

L'Asie reste la région où les coûts de main-d'oeuvre sont les plus bas, mais cet avantage se réduit à mesure que les populations veulent avoir leur part de la croissance économique sous forme de meilleurs salaires et de meilleures conditions de travail.

Les émeutes qui ont eu lieu chez Foxconn, un des principaux fournisseurs d'Apple, en sont un exemple bien concret. Perturber les sous-traitants de manufacturiers étrangers est encore le meilleur moyen pour les travailleurs chinois de se faire entendre de leur gouvernement.

La hausse des coûts de main-d'oeuvre en Chine et dans les pays voisins est une tendance lourde. Selon Boston Consulting Group, le coût de fabrication d'un produit en Chine ne sera que de seulement 7% plus bas qu'aux États-Unis dans trois ans.

Le coût de la main-d'oeuvre n'est pas le seul élément de l'équation. Dans de nombreux processus de fabrication, le coût de l'énergie pèse lourd. La composante énergie est aussi importante dans le transport des biens manufacturés en Asie.

Le contexte énergétique américain a changé radicalement et beaucoup d'entreprises en ont pris note.

Le prix du gaz naturel est à son plus bas depuis presque 10 ans aux États-Unis, grâce aux technologies qui permettent d'aller chercher les énormes quantités de gaz contenues dans les roches souterraines. Le prix du gaz en Amérique du Nord, à moins de 3$ US le million de BTU, est actuellement trois fois moins élevé qu'en Europe.

La production de pétrole aux États-Unis s'est aussi remise à augmenter, également en raison du développement des nouvelles technologies d'extraction. Le pays importe aussi plus de pétrole canadien et moins de pétrole du Moyen-Orient, ce qui le rend moins vulnérable aux secousses géopolitiques.

Il s'agit d'un changement majeur qui a déjà des retombées. L'industrie pétrochimique, par exemple, a commencé à rapatrier des activités aux États-Unis pour profiter des prix très bas du gaz naturel. Le géant Dow Chemical en tête, ce secteur envisage des investissements de 16 milliards dans de nouvelles installations de production en terre américaine. Il s'agit de la première expansion importante de cette industrie depuis des décennies. Des entreprises comme Toyota augmentent leur production aux États-Unis pour exporter en Corée du Sud et ailleurs en Asie, ce qui est l'inverse de ce qu'ils faisaient auparavant.

Le contexte énergétique

Ajouté à la politique fiscale du gouvernement Obama qui incite les entreprises américaines à rapatrier des emplois en sol américain, le nouveau contexte énergétique pourrait signifier un retour en force du secteur manufacturier aux États-Unis.

Le Boston Consulting Group, lui, y croit. L'organisation a révisé à la hausse sa prévision de croissance des emplois manufacturiers. Elle prévoyait une augmentation de 2 à 3 millions d'emplois dans ce secteur d'ici 2020, et table maintenant sur une hausse de 5 millions d'emplois.

Au fil des ans, la part du secteur manufacturier dans l'économie américaine a fondu à 10%, un niveau encore plus bas qu'au Québec où la fabrication compte encore pour 16% du PIB. S'il est vrai qu'une économie en santé doit reposer sur des bases diversifiées, alors les États-Unis sont sur le bon chemin.