Le gouvernement français, qui avait promis d'intervenir pour limiter la hausse du prix des carburants, est passé à l'action hier sur fond de crise économique.

Le premier ministre Jean-Marc Ayrault, tout juste rentré de vacances, a annoncé sur les ondes de la chaîne BFM une baisse «modeste» et «provisoire» des taxes prélevées par l'État de manière à freiner la flambée en cours.

La décision est survenue alors que le prix à la pompe pour l'essence atteignait deux euros par litre - soit 2,50$CAN - dans certaines stations de la capitale française.

M. Ayrault n'a pas précisé combien coûterait la baisse annoncée pour le gouvernement, qui a empoché 30 milliards d'euros en 2010 grâce à la TVA et une taxe de consommation ciblant les produits énergétiques.

L'année dernière, le PDG de la société Total, Christophe de Margerie, s'était dit convaincu que l'évolution de l'offre et de la demande sur le marché mondial aurait sans «aucun doute» pour effet de propulser le prix du litre au-delà de deux euros.

Le précédent gouvernement avait obtenu que les entreprises du secteur pétrochimique contribuent à une somme de 115 millions d'euros à un fonds destiné à réduire les impôts de contribuables réclamant des frais de déplacement.

Le premier ministre français a indiqué que la réduction des taxes étatiques permettrait de «demander aux producteurs et distributeurs leur propre part d'effort» et serait utilisée en attendant le développement d'un mécanisme plus élaboré de maîtrise des prix.

Une rencontre à ce sujet est prévue la semaine prochaine entre le ministre de l'Économie et des Finances, Pierre Moscovici, les entreprises du secteur ainsi que diverses associations de consommateurs.

L'Union française des industries pétrolières s'est réjouie de la teneur de l'intervention gouvernementale, arguant qu'elle va «dans le bon sens».

Les élus écologistes du gouvernement se montraient plus circonspects. Jean-Vincent Placé, qui dirige le groupe Europe Écologie-Les Verts au Sénat, a indiqué que le gouvernement devait aller au-delà des mesures «circonstancielles» en matière énergétique.

Stéphane Hallegatte, analyste du Centre international de recherche sur l'environnement et le développement, a déclaré dans la même veine au quotidien Libération que la baisse des taxes favorisait les comportements «énergivores».

La droite a accusé pour sa part le camp socialiste de multiplier les «mesurettes inefficaces», jugeant qu'elles se traduiront demain par «des impôts supplémentaires pour les Français et les entreprises».

Le secrétaire général de l'UMP, Jean-François Copé, estime qu'un coup de barre majeur s'impose pour relancer l'économie du pays, dont la croissance est pratiquement nulle depuis neuf mois.

Plusieurs analystes jugent que les objectifs de croissance retenus par le gouvernement pour l'année en cours et 2013 sont trop optimistes et devront être revus, compliquant l'atteinte des cibles budgétaires convenues avec les autorités européennes.

«Les hypothèses de croissance ça ne se décrète pas... On s'adapte en fonction de la situation», a déclaré M. Ayrault.