Nicolas Sarkozy a annoncé qu'il demanderait, s'il est réélu, un soutien accru de la Banque centrale européenne (BCE) à la croissance, en berne en Europe après plusieurs crises, dimanche devant plusieurs dizaines de milliers de personnes réunies place de la Concorde à Paris.

M. Sarkozy s'exprimait lors d'un grand rassemblement de soutien à sa candidature organisé par l'UMP, qui faisait pendant à celui organisé par le Parti socialiste sur l'esplanade de Vincennes en faveur de François Hollande.

Devant une place de la Concorde noire de monde et une marée de drapeaux tricolores, M. Sarkozy a prononcé un discours d'une quarantaine de minutes aux accents parfois lyriques, largement dédiée à cette «majorité silencieuse» sur laquelle il compte pour se faire réélire.

Plusieurs personnalités ont pris la parole avant lui, notamment le premier ministre François Fillon qui a évoqué «le chemin tracé par nos rois, par nos révolutionnaires».

Alain Juppé, Jean-François Copé, Nathalie Kosciusko-Morizet, Xavier Bertrand, se sont également succédé derrière le pupitre, surmonté du slogan du candidat «La France forte», ainsi que différentes personnalités de la société civile, comme le cinéaste Claude Lelouch.

Au pied de l'estrade, la première Dame, Carla Bruni-Sarkozy, a écouté le discours de son mari, clos par une Marseillaise qu'elle a chantée.

Après avoir rappelé nombre des propositions déjà formulées depuis le début de sa campagne -- concernant Schengen et les frontières de l'Europe qu'il veut sécuriser, ou encore le Buy european act qu'il veut mettre en place pour permettre aux entreprises européennes de bénéficier des marchés publics -- M. Sarkozy a fait deux annonces.

La principale concerne la Banque centrale européenne (BCE) à laquelle M. Sarkozy veut voir jouer, comme son adversaire socialiste, un rôle accru pour soutenir la croissance.

«Si l'Europe ne veut pas perdre pied dans l'économie mondiale, elle doit absolument renouer avec la croissance», a-t-il ajouté, regrettant les «limites des règles fixées (à la BCE) dans le traité de Maastricht».

En vertu de ce texte européen, la BCE a pour principale fonction d'être la  gardienne de l'orthodoxie monétaire et budgétaire des pays de la zone euro et d'y surveiller l'inflation.

M. Sarkozy cherche ainsi à contrer l'intention de M. Hollande de renégocier, s'il était élu, le traité de discipline budgétaire signé début mars par 25 États européens, en vue d'y ajouter un volet sur la croissance.

Autre annonce: M. Sarkozy veut généraliser à toute la France le système de la «faillite civile» en vigueur en Alsace, qui permet d'effacer les dettes des familles surendettées et de leur donner «une deuxième chance». Une disposition qui existe en réalité déjà au plan national.

Dans son discours, mis en forme par Henri Guaino, déjà coauteur avec lui du discours du 14 janvier 2007, prononcé lors de sa première campagne, M. Sarkozy a fait appel, sur un ton passionné, à de nombreux écrivains, «l'Italien» Malaparte, Victor Hugo, Charles Péguy.

«Vous êtes les représentants de tous ceux qui n'ont pas pu venir, vous êtes les porte-parole de ceux qui n'ont jamais la parole, de ceux qui sont fiers de la langue, de la culture, de l'identité» de la France, a-t-il lancé à la foule, fréquemment interrompu par des «Nicolas, président».

Puis, reprenant la célèbre phrase de l'ancien pape Jean Paul II prononcée au début de son pontificat, M. Sarkozy a terminé son discours par un tonitruant «peuple de France, n'ayez pas peur! Ils ne gagneront pas si vous décidez que vous voulez gagner».