Plus de 500 dirigeants d'entreprises britanniques ont appelé jeudi le premier ministre conservateur David Cameron à supprimer rapidement le taux marginal d'imposition de 50% des plus hauts revenus mis en place en 2010 les travaillistes.

Cet appel intervient à un moment délicat pour M. Cameron et son ministre des Finances George Osborne, qui doit présenter le 21 mars le budget 2012/2013 du pays dans un contexte d'austérité budgétaire prolongée.

«Étant donné l'état actuel de l'économie britannique, nous exhortons le ministre des Finances d'envisager l'annulation de la tranche d'imposition la plus élevée à l'occasion du prochain budget», écrivent les 537 signataires de la lettre.

Ils accusent cette mesure «injuste» de répondre à «des motivations politiques populistes qui font du tort à l'économie» en décourageant l'initiative individuelle et en confisquant des fonds qui pourraient être réinvestis dans les entreprises concernées.

Et ils mettent au défi M. Osborne de mettre en pratique son désir affiché de «stimuler l'industrie britannique» face à des perspectives de croissance très incertaines.

Cité par le Daily Telegraph, Chris Jenkins, dirigeant d'une entreprise de services de sécurité, demande à M. Osborne «d'arrêter de tuer la poule aux oeufs d'or».

Le débat sur la suppression de la tranche supérieure d'imposition des revenus est devenu hautement symbolique depuis la mise en oeuvre par le gouvernement Cameron d'un plan d'austérité sans précédent qui s'est accompagné d'une baisse générale du pouvoir d'achat et d'une forte montée du chômage.

M. Cameron a affirmé à plusieurs reprises être fermement opposé au taux de 50%, qui n'est selon lui que «temporaire».

Mais, selon la presse, il n'a plus l'intention de le remettre en cause avant la fin de la législature en 2015 pour ne pas prêter le flanc aux accusations de mener une politique favorable aux riches. La mesure rapporte en outre plusieurs centaines de millions de livres à l'État.

En outre, ses alliés libéraux-démocrates au sein de la coalition au pouvoir se sont publiquement opposés à la remise en cause de cette mesure.

Les travaillistes y restent eux aussi favorables. Leur leader Ed Miliband a toutefois tenu à préciser qu'il n'avait pas l'intention de reprendre la proposition de François Hollande, le candidat socialiste à la présidentielle française en visite mercredi à Londres, d'imposer une taxe de 75% pour les «super-riches».

À la veille des élections législatives l'ayant chassé du pouvoir en mai 2010, le Labour avait augmenté de 40 à 50% le taux maximal d'imposition pour les revenus supérieurs à 150 000 livres, une mesure concernant quelque 300 000 personnes.