La Banque d'Angleterre a décidé jeudi d'injecter 50 milliards de livres (79 milliards de dollars CAN) supplémentaires dans l'économie britannique, toujours très fragile et en quête de soutien malgré des signaux encourageants du côté du commerce extérieur et de la production industrielle.

Comme anticipé par la quasi-totalité des experts, la Banque va de nouveau faire fonctionner la planche à billets, ce qui se traduira notamment par un rachat massif de dette britannique, et apporter ainsi l'équivalent de 60 milliards d'euros dans le circuit économique.

Ce programme dit «d'assouplissement quantitatif» avait été lancé en mars 2009 à un moment où le pays était en pleine récession.

Après une première tranche de 200 milliards de livres épuisée en janvier 2010, il a été relancé en octobre alors que l'inquiétude grandissait sur l'effet conjugué de la cure d'austérité budgétaire et de la crise dans la zone euro, avec laquelle le Royaume-Uni réalise plus de 40% de ses échanges.

L'annonce récente que l'économie s'était contractée de 0,2% au dernier trimestre 2011, couplée à un répit sur le front de l'inflation, avait laissé peu de doutes sur la stratégie à venir de la Banque d'Angleterre.

«Le rythme sous-jacent de la reprise a ralenti en 2011, avec un léger recul de l'activité au dernier trimestre», ont rappelé les membres du Comité de politique monétaire (CPM) de la Banque dans un communiqué diffusé à l'issue de leur réunion de février.

Certains économistes plaidaient pour un coup de pouce plus important de 75 milliards de livres, équivalent à celui d'octobre. La plupart prévoient d'ores et déjà une nouvelle injection de fonds en mai prochain.

L'institution a en outre maintenu jeudi à 0,5% son taux d'intérêt directeur, niveau historiquement bas auquel il est fixé depuis mars 2009.

La principale confédération patronale britannique, la CBI, a immédiatement salué la décision de la Banque d'Angleterre qui «devrait aider à soutenir la confiance». Car, a-t-elle souligné dans un communiqué, «même si certains signes tendent à montrer que l'économie se stabilise, les perspectives restent hautement incertaines».

Depuis plusieurs semaines, chaque nouvel indicateur macroéconomique est scruté à la loupe pour tenter de savoir si le pays se dirige ou non vers une nouvelle récession, ce qui serait techniquement le cas si le premier trimestre 2012 se soldait par une nouvelle baisse du Produit intérieur brut (PIB).

Cette hypothèse a semblé un peu s'éloigner avec la publication jeudi de deux indices meilleurs qu'attendu.

Ainsi, le déficit commercial britannique s'est réduit de manière significative en décembre, à 7,1 milliards de livres (8,5 milliards d'euros) contre 8,9 milliards en novembre, sa meilleure performance depuis 22 mois.

En incluant les échanges de services, traditionnellement excédentaires au Royaume-Uni, le déficit a atteint 1,1 milliard de livres, un résultat inégalé depuis avril 2003.

La performance a toutefois été relativisée par le fait que l'amélioration est avant tout due à une baisse des importations, signe d'une demande intérieure déprimée.

Autre bonne nouvelle, la production industrielle britannique a enregistré un rebond en décembre, augmentant de 0,5% après plusieurs mois de baisse.

Saluant des chiffres «encourageants», Howard Archer du cabinet IHS Global Insight a toutefois mis en garde contre des attentes démesurées sur le rôle du commerce extérieur en pleine crise de la zone euro.

Même prudence du côté de Samuel Tombs de Capital Economics, selon lequel «l'impact de cette crise sur la croissance britannique est sans doute encore à venir».