L'ombre de la Grèce, menacée de mise sous tutelle par les Européens, a une nouvelle fois plané au-dessus de Davos où l'inertie de la zone euro, qui tarde à mettre en place des solutions pour en finir avec la crise, a été critiquée samedi par une bonne partie de la planète.

«Nous sommes au début de 2012 et nous parlons encore de la Grèce. Cela est un signe que ce problème n'a pas été réglé», a ainsi déploré le ministre britannique des Finances George Osborne.

«L'incapacité» des Européens à avancer sur ce dossier «provoque des ondes de choc» dans l'ensemble du monde, a-t-il averti.

Les créanciers privés de la Grèce et le gouvernement grec ont dit samedi en fin d'après-midi être «proches» d'un accord volontaire sur une réduction substantielle de la dette grecque. Mais la conclusion de cet accord tant attendu a été une nouvelle fois remise «à la semaine prochaine», selon un communiqué du lobby bancaire mondial IIF qui mène les négociations côté banques.

«De nouveaux progrès ont été faits», assure toutefois ce texte rendu public à l'issue d'une nouvelle rencontre à Athènes entre le premier ministre grec Lucas Papademos et ses créanciers privés.

Ce nouveau report intervient après les multiples pressions émanant des pays non membres de la zone euro pour que celle-ci mette enfin un terme à la crise de la dette qui la mine depuis plus de deux ans.

«Beaucoup de choses se sont produites ces derniers (...) mois dans la zone euro et nous devons reconnaître cela», a indiqué M. Osborne. Mais, a-t-il aussitôt ajouté, «plus doit être fait» et cela doit se produire «dans les prochaines semaines». Le chancelier de l'Échiquier faisait notamment référence aux «pare-feu» financiers que la zone euro cherche laborieusement à mettre en place pour éviter la contagion.

«Le pare-feu est la clé pour libérer la confiance» des investisseurs, des gouvernements et des consommateurs, a-t-il estimé.

Aucun pays au monde n'est en mesure d'échapper à la crise européenne, a averti de son côté la présidente du Fonds monétaire international (FMI) Christine Lagarde.

«Personne n'est immunisé (...). Ce n'est pas seulement une crise de la zone euro, c'est une crise qui peut avoir des effets collatéraux (...) dans le monde entier», a-t-elle prévenu.

Le premier ministre japonais Yoshihiko Noda, s'exprimant par vidéo-conférence au Forum économique mondial (WEF) de Davos, a d'ailleurs jugé la zone euro comme étant «la source majeure de risque pour l'économie mondiale».

Le chef de l'exécutif de Hong Kong Donald Tsang a lui aussi appelé les dirigeants européens à prendre des actions décisives.

«Vous devez inspirer confiance et cette confiance doit venir d'actions décisives des gouvernements travaillant ensemble (et) très rapidement», a-t-il souligné.

Mark Carney, gouverneur de la banque centrale canadienne et président du Conseil de stabilité financière (FSB) a rejoint l'avalanche de critiques, en insistant que l'UE devait non seulement agir rapidement, mais aussi prendre les bonnes décisions.

M. Carney a ainsi estimé qu'il était important que l'issue des négociations sur la Grèce conduise à un niveau de dette «crédible» et «durable».

Symbole des tensions autour de la dette grecque, certains pays de la zone euro, dont l'Allemagne, ont réclamé un contrôle européen permanent du budget de la Grèce, une proposition exclue par Athènes.

«Il y a des discussions et des propositions au sein de la zone euro, dont une de l'Allemagne» pour «renforcer le contrôle des programmes et des mesures sur place», a déclaré samedi à l'AFP une source européenne sous couvert d'anonymat.

Une «expertise externe sur place pourrait être pilotée par les institutions européennes et devrait aussi avoir certains pouvoirs de décision», a ajouté cette source.

Interrogé, le ministère allemand des Finances n'a pas fait de commentaire.

À Athènes, des sources gouvernementales grecques ont dit leur refus catégorique d'une telle solution.

Ce projet circule alors que les dirigeants européens doivent se réunir lundi à Bruxelles pour adopter un nouveau traité budgétaire européen.

Mais la rigueur budgétaire, prônée par les dirigeants, conjuguée au ralentissement conjoncturel en Europe, provoque aussi de plus en plus de mécontentement.

À Barcelone, enseignants, policiers, pompiers et infirmières devaient manifestés samedi contre la politique d'austérité du gouvernement régional, au moment où Madrid impose aux régions espagnoles une stricte discipline budgétaire.