Le président américain Barack Obama est arrivé vendredi soir dans sa ville natale d'Honolulu (Hawaii), où il doit parrainer la création d'une zone de libre-échange laissant la Chine de côté, en marge d'un sommet Asie-Pacifique (Apec) qu'il préside ce week-end.

Si le sommet du Forum de coopération Asie-Pacifique doit se préoccuper avant tout de croissance, la vedette sera volée par la concrétisation samedi de ce projet de libre-échange qui inclura les États-Unis et le Japon, mais laissera de côté le géant chinois.

Dix pays riverains du Pacifique (Australie, Brunei, Chili, États-Unis, Japon, Malaisie, Nouvelle-Zélande, Pérou, Singapour, Vietnam) doivent en effet annoncer les grandes lignes du projet de «Partenariat transpacifique» (TPP).

Les États-Unis y voient «un pacte pour le XXIe siècle». L'idée est d'imposer, en échange de la libéralisation des échanges, des normes sociales et écologiques aux participants.

Le premier ministre japonais Yoshihiko Noda, qui a donné une ampleur décisive au projet, en annonçant juste avant son départ, que son pays allait finalement y adhérer, est lui aussi arrivé à Honolulu.

Le ralliement de dernière minute du Japon, troisième économie mondiale, laisse la Chine, deuxième économie, quelque peu isolée et soupçonneuse des intentions des promoteurs du projet, au premier rang les États-Unis.

Ce faisant, Tokyo, qui protège jalousement son marché intérieur, promet aussi de compliquer singulièrement le calendrier de négociation dont le terme n'est pas encore connu.

M. Kirk a d'ailleurs salué l'annonce du Japon en avertissant que Tokyo devrait modifier sa politique commerciale.

«Le Japon doit être prêt à observer les normes élevées de libéralisation du commerce prévues par le TPP», a souligné le haut responsable américain. Tokyo devra ainsi «répondre aux inquiétudes spécifiques des États-Unis en matière de barrières commerciales dans les secteurs de l'agriculture, des services et de l'industrie», a-t-il prévenu.

Le projet, présenté en marge du sommet du Forum de coopération économique Asie-Pacifique, laisse à l'écart 11 pays de l'Apec et non des moindres comme le Canada, la Corée du Sud, la Russie et surtout la Chine, deuxième puissance économique mondiale.

Samedi, par l'intermédiaire d'un éditorial du quotidien chinois Global Times, la Chine a déploré le lien fait par les États-Unis entre libre-échange et droits de l'homme, et minimisé l'importance d'un TPP sans la Chine.

Auparavant, un haut responsable du ministère chinois du Commerce, Yu Jianhua, avait souligné que Pékin n'avait pas été invité à se joindre au TPP. «Si un jour nous recevons une telle invitation, nous l'étudierons sérieusement», a-t-il promis.

En attendant, le gouvernement chinois a critiqué un autre projet américain visant à obtenir une baisse des droits de douane des pays de l'Apec sur les produits «verts» comme ceux qui permettent d'économiser l'énergie.

Le sommet de l'Apec proprement dit doit commencer samedi soir par un dîner des 21 dirigeants invités par Barack Obama. Les différents dirigeants ont aussi prévu de multiples réunions bilatérales, le président américain devant s'entretenir successivement avec le Chinois Hu Jintao, le Russe Dmitri Medvedev et le Japonais Yoshihiko Noda.

«Nous considérons que le centre de gravité stratégique et économique du monde au XXIe siècle sera l'Asie-Pacifique», a déclaré la secrétaire d'État américaine Hillary Clinton après des premières discussions avec des responsables de l'APEC.

Dimanche, les 21 poseront pour la traditionnelle photo en tenue locale, en l'occurrence très probablement des chemisettes à fleurs, avant la conférence de presse finale de M. Obama.

La rivalité sino-américaine s'est à nouveau manifestée avant le sommet, la secrétaire d'État Hillary Clinton dénonçant jeudi les immolations de religieux tibétains et la répression politique en Chine. Pékin a répondu en rejetant une «ingérence» dans ses affaires intérieures.

La rencontre Calderon-Obama-Harper annulée

La rencontre que devait avoir le premier ministre Stephen Harper avec les présidents américain Barack Obama et mexicain Felipe Calderon, au Forum de la coopération économique Asie-Pacifique (APEC), à Hawaii, a été annulée.

La décision a été prise lorsque le président Calderon a annoncé son retrait du sommet, à la suite de la mort du ministre mexicain de l'Intérieur, Blake Mora, dans l'écrasement d'un hélicoptère vendredi.

Une rencontre bilatérale entre mm. Harper et Obama n'est pas écartée. Le premier ministre Harper pourrait ainsi soulever le dossier de l'oléoduc Keystone XL. Le département d'État américain a demandé à la compagnie TransCanada de proposer un nouveau tracé du pipeline à travers le Nebraska. Cette requête qui repousse la décision sans appel du gouvernement américain à 2013, soit après les élections présidentielles de 2012, pourrait signifier la mort du projet.