Le débat sur la meilleure manière d'augmenter la puissance financière du Fonds monétaire international n'a fait que commencer au sommet du G20 de Cannes, en ouvrant seulement des pistes à explorer.

«Nous veillerons à ce que le FMI continue de disposer des ressources nécessaires pour jouer son rôle systémique au profit de l'ensemble de ses membres», ont affirmé les chefs d'État et de gouvernement de ce groupe, dans une déclaration commune vendredi.

«Nous sommes disposés à faire en sorte que des ressources supplémentaires puissent être mobilisées rapidement», ont-ils ajouté, confiant le travail à la «prochaine réunion» des ministres des Finances. La date n'est pas connue.

Le G20 a énuméré un éventail d'options comprenant «des contributions bilatérales au FMI, des DTS et des contributions volontaires à une structure spéciale du FMI, par exemple un compte administré».

Les deuxième et troisième solutions sont à peine esquissées à ce stade.

La première est la plus simple et la mieux connue, ayant servi à tripler les ressources après le sommet du G20 de Londres en 2009. Mais elle se heurte à un problème de taille: le premier actionnaire du Fonds, les États unis, ne veut pas réitérer son importante contribution de l'époque (100 milliards de dollars). Les parlementaires y sont hostiles.

Le gouvernement américain a répété ces dernières semaines qu'il considérait les ressources du FMI comme «adéquates». A Cannes, il était à la tête d'un ensemble de membres du G20 qui considèrent que l'Europe doit régler un certain nombre de problèmes qui minent sa crédibilité, avant de pouvoir réclamer une aide accrue du Fonds.

D'autres États membres jugent que face à la montée des périls pour l'Italie ou l'Espagne, le FMI n'a pas les munitions qu'il faudrait. C'est le cas du Mexique, prochain pays à présider le G20.

Au moment où le FMI est sur le point de créer de nouvelles modalités de prêt, «nous pensons que ces mécanismes du Fonds peuvent aussi être utilisés pour soutenir certaines économies développées», a affirmé à Cannes le président mexicain Felipe Calderon.

«Jamais on n'aurait pensé qu'elles auraient besoin du soutien du FMI, mais elles en ont probablement besoin aujourd'hui», a-t-il ajouté.

Les délégations à Cannes ont discuté d'un montant d'augmentation des ressources que le G20 pourrait promettre, sans parvenir à un consensus.

La directrice générale du FMI, Christine Lagarde, disait en octobre n'avoir «pas de chiffre en tête», se bornant à indiquer que le niveau adéquat se mesurait «en fonction des circonstances».

Si ces circonstances empiraient encore pour l'Italie, les 394 milliards de dollars que le Fonds peut engager pour ses États membres seraient vite asséchés, selon l'ancien économiste en chef de l'institution, Simon Johnson.

«Le rendement de la dette italienne a dépassé 6,1%, et le point de vue ordinaire est que s'il atteint 6,5%, l'Italie devra rechercher une assistance sous forme de fonds de soutien, pour garantir qu'elle ne fera pas défaut. Mais le Fonds monétaire international n'a pas assez de ressources à sa disposition», a-t-il estimé sur son blogue.

La Chine est régulièrement invoquée comme la puissance qui a le plus les moyens pour les gonfler. Les Européens l'ont officiellement appelée à participer à l'effort de redressement de la zone euro, si nécessaire via le FMI.

Mais M. Johnson voit les États unis comme un obstacle, estimant qu'ils ne sont «pas chauds à l'idée» que la Chine contribue davantage au FMI car «cela saperait la traditionnelle prédominance américaine là-bas».

Le gouvernement de la deuxième économie mondiale est resté discret sur ses intentions. Pour lui, le FMI a besoin de plus d'argent pour être crédible, et il accueille Mme Lagarde à Pékin pour en parler mercredi et jeudi.