Les commandes à l'industrie allemande ont accusé en septembre leur plus fort recul mensuel depuis février 2009, de 4,3% selon des chiffres provisoires publiés vendredi qui confirment un ralentissement marqué de la demande chez les clients surtout européens.

Une baisse de cet indicateur corrigé des variations saisonnières était attendue, mais son ampleur a surpris. Le recul «ne peut plus être expliqué par des fluctuations telles que les connaissent les commandes», commente Heinrich Bayer, de Postbank. «Cette fois-ci c'est un signe clair que l'hiver sera très difficile pour l'industrie allemande», pilier de la première économie européenne.

Les ordres en provenance du reste de la zone euro se sont effondrés de 12,1% sur un mois, relève le ministère de l'Economie, qui publie ces données. La crise de la dette qui secoue l'Europe, et qui conduit plusieurs grandes économies européennes comme l'Italie et l'Espagne à se serrer la ceinture, se ressent donc sur l'industrie allemande.

Reflet de ces politiques d'austérité, le nombre de grosses commandes, par exemple de bateaux ou de trains, est comme le mois précédent «très faible», relève le ministère.

Avec cette troisième baisse mensuelle d'affilée, les commandes à l'industrie allemande s'affichent en recul de 3,6% sur le troisième trimestre, précise le ministère. Excluant le poste «véhicules spéciaux», qui fédère les commandes de trains et autres avions, la baisse ressort à 0,8% seulement.

Ces chiffres augurent d'une «évolution tranquille» de la production industrielle en fin d'année, ajoute le ministère dans un euphémisme qui prépare au mieux à une stagnation de celle-ci.

Cette statistique de commandes «va avoir un impact perceptible sur la production», prédit Ulrike Rondorf, de Commerzbank, qui prédit une contraction de celle-di au quatrième trimestre.

Jusqu'à maintenant, les carnets de commandes encore très fournis des entreprises allemandes ont permis au pays de s'afficher confiant face au fléchissement de la demande et à l'assombrissement des perspectives mondiales.

«Il y avait eu de bonnes nouvelles au niveau des indicateurs (allemands) ces derniers mois», relève Peter Kaidusch, de Natixis, «mais maintenant c'est fini». «Adieu, carnets de commandes pleins», renchérit sa confrère Mme Rondorf.

Les résultats du troisième trimestre publiés ces dernières semaines par certains grands noms de l'industrie allemande comme MAN (poids lourds, turbines) ou encore BASF (chimie) reflétaient d'ailleurs déjà ce retournement de tendance.

La plupart des économistes, et le gouvernement lui-même, tablent sur un produit intérieur brut (PIB) en léger recul en Allemagne au quatrième trimestre.