L'Italie, dont la dette et le manque de crédibilité font trembler le G20, est désormais sous la surveillance du FMI qui va contrôler avec Bruxelles la mise en oeuvre des promesses d'un gouvernement Berlusconi très fragile mais refusant toute aide financière.

L'Italie a «demandé que le Fonds puisse surveiller, certifier publiquement tous les trois mois l'état d'avancement de nos réformes», a déclaré Silvio Berlusconi, à l'issue du G20 à Cannes (sud-est de la France), confirmant l'annonce faite peu de temps auparavant par le président de la Commission européenne José Manuel Barroso.

Le Cavaliere a toutefois cherché ensuite à relativiser ses propos en assurant qu'il ne s'agissait que d'une «certification» et non d'une «surveillance» et que cela ne comportait «aucune limitation» de la souveraineté de l'Italie.

Signe des inquiétudes croissantes de ses partenaires, qui craignent que l'Italie ne soit emportée par la crise de la dette, le FMI «nous a même offert des fonds que nous avons refusés, en remerciant», a révélé M Berlusconi, qui juge également que son pays n'a «pas besoin» du Fonds de secours européen.

Comme il le fait depuis le début de la crise, M. Berlusconi a assuré qu'il n'était «absolument pas inquiet» et que les attaques des marchés étaient «passagères».

Dans le cadre de cette surveillance du FMI et de Bruxelles, M. Barroso a fait savoir que des représentants de la Commission se rendraient à Rome dès «la semaine prochaine» pour entamer leurs évaluations.

Dans la péninsule, l'annonce de cette surveillance a suscité les réactions indignées de l'opposition de gauche.

L'Italie est devenue» à cause de «l'incapacité du gouvernement Berlusconi», «un prisonnier sous haute surveillance de la communauté internationale», a lancé Alberto Losacco, du Parti démocrate, tandis que Massimo Donadi, de l'Italie des Valeurs, a parlé de la «mise sous tutelle» d'un «gouvernement fantoche».

Le président de l'Union européenne Herman Van Rompuy a lui insisté sur le caractère spontané de la démarche de l'Italie qui n'a subi aucun «diktat».

Malgré l'adoption cet été de mesures d'austérité devant lui permettre de parvenir à l'équilibre budgétaire en 2013 et de réduire sa dette colossale (120% du PIB), et des promesses de réformes économiques, les marchés ne semblent plus croire à la capacité de Rome de faire face à la crise.

Même la directrice générale du FMI, Christine Lagarde, en a fait le constat vendredi en estimant que le problème de l'Italie est un «manque de crédibilité des mesures qui ont été annoncées».

Signe de la méfiance accrue des investisseurs, les taux italiens à dix ans ont atteint un nouveau record historique vendredi après-midi à 6,404% tandis que la Bourse de Milan lâchait plus de 3%.

Le gouvernement de Silvio Berlusconi a pourtant adopté mercredi soir une partie des mesures promises la semaine dernière à Bruxelles.

Cession de biens publics, libéralisation de professions réglementées et des services publics locaux ou simplification des procédures administratives, ces mesures seront approuvées le 15 novembre par le Sénat, puis par la Chambre des députés et entreront en vigueur «dès la fin du mois», selon M. Berlusconi.

D'autres réformes plus structurelles, comme celle du marché du travail, devraient être adoptées dans un deuxième temps.

Mais comme l'a martelé jeudi soir le président français Nicolas Sarkozy, «la question n'est pas tant le contenu du paquet que: "est-ce que ce paquet sera mis en oeuvre?"».

Or, sur le front politique, Silvio Berlusconi apparaît de plus en plus fragilisé avec un effritement de sa majorité politique.

À Cannes, le Cavaliere a assuré qu'elle restait «solide» malgré le passage dans l'opposition centriste de deux députés de son parti et s'est dit convaincu de dissuader un autre groupe de parlementaires «mécontents» de faire défection.

«Je ne vois pas en Italie une personnalité capable de représenter les intérêts du pays comme je le fais», a-t-il insisté, certain de sa survie politique.

Si toutefois le gouvernement devait chuter au parlement, la balle passerait dans le camp du président Giorgio Napolitano qui pourrait former un gouvernement technique soutenu par une majorité élargie ou différente ou à défaut dissoudre le parlement en vue d'élections anticipées, à savoir d'ici à l'échéance normale de 2013.