Le gouvernement grec a peaufiné lundi un nouveau plan de redressement économique, combinant accélération des privatisations et regain de rigueur, dans l'espoir de satisfaire les bailleurs de fonds du pays et éviter une restructuration de l'abyssale dette souveraine.

Sous la présidence du premier ministre Georges Papandréou, le conseil des ministres a entamé à la mi-journée l'examen de ce plan, dont une première copie avait été dévoilée mi-avril.

Jugé insuffisant par l'Union européenne et le Fonds monétaire international, créanciers de la Grèce, le plan a été musclé avec des mesures additionnelles d'économie budgétaire portées à 6 milliards d'euros en 2011, et à 23 milliards sur la période 2012-2015.

Le conseil des ministres doit «éclaircir le cadre des privatisations», censées rapporter 50 milliards d'euros d'ici 2015, que UE et FMI veulent voir démarrer sans tarder, a indiqué une source gouvernementale.

Les responsables économiques discutent notamment de la création d'un «organisme, ou fonds, ou caisse» chargé de piloter les cessions, couvrant tous les secteurs, de l'énergie aux transports et des paris d'argent aux casinos, a indiqué une source du ministère des Finances.

L'idée a été reprise ce week-end par le chef de file des ministres des Finances de la zone euro, Jean-Claude Juncker, qui a évoqué le modèle allemand de la «Treuhandanstalt», mis en place pour les privatisations en ex-Allemagne de l'Est.

Selon la source gouvernementale, les mesures ne seront pas finalisées lundi, dans l'attente de rencontres mardi entre le premier ministre et les principaux dirigeants de l'opposition, et du bouclage des négociations avec la troïka rassemblant les trois principaux créanciers du pays (Commission européenne, BCE, FMI), chargée de veiller au redressement des finances.

La presse grecque recensait notamment parmi les nouvelles mesures attendues des «limogeages dans le secteur public» et des «bombes fiscales» avec un alourdissement des impôts directs, équivalant à «une nouvelle baisse de salaires».

Honnies par l'électorat, dont le soutien aux socialistes s'effrite, ces mesures risquent de peser sur l'économie, asphyxiée par près de trois ans de récession, et où le chômage frôle 16%, dont 40% chez les jeunes.

En pleine forme dans les sondages, l'ultra-orthodoxe parti communiste grec a refusé tout dialogue avec le gouvernement, tandis que l'opposition de droite, dont l'UE réclame un engagement clair, s'oppose à plus de rigueur.

Mais le gouvernement a dû céder face à l'insistance des représentants UE-FMI, dont l'inspection en cours, exceptionnellement prolongée, est préalable au déblocage, normalement en juin, de la cinquième tranche, de 12 milliards d'euros du prêt de 110 milliards consenti au pays en mai 2010.

Un refus de versement équivaudrait «selon toute probabilité à la banqueroute» du pays, plombé par une dette supérieure à 150% de son PIB, a mis en garde M. Papandréou dimanche.

«Il y a la voie de la faillite, et celle, difficile et douloureuse d'un accord» sur un «plan garantissant les prêts et l'argent nécessaire à la survie du pays», a aussi résumé lundi le porte-parole du groupe parlementaire socialiste, Christos Protoppas.

Un an après le plan de soutien UE-FMI associé à un premier plan d'austérité, la Grèce n'est pas parvenue à recouvrer sa crédibilité, les marchés exigeant d'elle des taux à long terme record de près de 17% qui rendent irréaliste toute tentative de se refinancer elle-même sur les marchés.

Le pays sous tutelle en est du coup à discuter d'une rallonge de l'aide consentie en mai 2010, tandis que l'idée d'un reprofilage de sa dette gagne en Europe, en dépit de l'opposition farouche de la BCE.