La Banque du Japon a réussi à stabiliser la situation économique de l'archipel en procédant à des injections records de yens dans le circuit bancaire depuis le séisme du 11 mars, mais des solutions à plus long terme vont être nécessaires pour relancer le pays.

«Ils font un peu comme les pompiers pour les centrales nucléaires, ils inondent de liquidités pour pallier le risque. Ce qu'on a trouvé de mieux jusqu'à présent», résume Jean-Louis Mourier, du cabinet Aurel à Paris.

Mardi, la banque centrale nippone a encore proposé 2000 milliards de yens (24 milliards de dollars) supplémentaires au marché.

Depuis le séisme, qui a fait plus de 20 000 morts et disparus et paralysé des pans entiers de l'économie, la banque centrale nipponne a porté à 39 000 milliards de yens (470 milliards de dollars) les sommes mises à la disposition des banques de l'archipel pour les aider à soutenir l'activité.

«Les montants annoncés sont impressionnants mais ce sont des fonds proposés à des taux à quasiment zéro, à disposition des banques qu'elles prennent ou pas, suivant les besoins», explique M. Mourier, interrogé par l'AFP.

À plus long terme, l'incertitude demeure quant aux conséquences économiques du tremblement de terre et tsunami du 11 mars compliqués d'accidents en chaîne à la centrale nucléaire de Fukushima Daiichi (nord-est du Japon).

Le président de la Banque centrale européenne (BCE) Jean-Claude Trichet a indiqué lundi s'attendre à «une baisse importante» de l'activité au Japon avant une reprise dans un scénario de menace nucléaire sous contrôle.

«On suit l'évolution et pour l'instant, il n'y a pas de quoi s'alarmer, le risque de récession ne nous semble pas réel», note Giovanni Dorélien, un autre économiste d'Aurel, en notant toutefois que tout dépendait «de ce qui va se passer au niveau de la menace nucléaire»

«L'enjeu étant de rétablir l'électricité afin que les usines puissent tourner (...). Si les menaces (nucléaires) devaient s'arrêter maintenant, il n'y aurait pas à court terme, au premier semestre, de récession mais une croissance molle de moins de 0,5%».

M. Dorélien table «au second semestre, sur une croissance beaucoup plus vigoureuse grâce aux dépenses pour la reconstruction du pays».

La Banque mondiale a estimé lundi que ces événements pourraient coûter à l'économie japonaise 235 milliards de dollars US, soit 4% de la production nationale.

La mobilisation par le Japon de ces sommes colossales risque d'accélérer une dégradation de sa note souveraine en seconde moitié d'année. Le dette de la troisième puissance économique mondiale atteint en effet 200% de son produit intérieur brut.

«Il faudra alors envisager d'autres solutions actuellement en débat tels que le recours aux énormes réserves en devises du pays ou à la création d'impôts sur la consommation», souligne M. Dorélien.

À ses yeux, «la solution des réserves serait la plus simple à mettre en place».

Les économistes du Crédit Agricole estiment également «le gouvernement devrait dans l'immédiat puiser dans ses réserves budgétaires afin de parer l'urgence» et «voter rapidement, probablement dès avril, un budget spécial reconstruction pour un montant total qui pourrait aller jusqu'à 15 000 milliards de yens», environ 181 milliards de dollars.

Jugeant l'impact économique plus faible que celui de la crise financière de ces dernières années, mais beaucoup plus important que celui du tremblement de terre de Kobe (1995), ils prévoient un rebond de la croissance à 2,3% pour l'année budgétaire 2012.