La banque centrale de Chine a augmenté samedi ses taux d'intérêt sur les emprunts et les dépôts d'un quart de point (0,25%) pour la deuxième fois en trois mois afin de lutter contre l'inflation et la spéculation immobilière.

Dans un bref communiqué, la Banque de Chine précise qu'elle va augmenter les taux d'emprunt et de dépôt sur un an d'un quart de point chacun, les portant à 5,81% et 2,75% respectivement.

La banque centrale avait déjà relevé le 19 octobre dernier les taux directeurs de 25 points de base (0,25 point de pourcentage), et ce, pour la première fois en près de trois ans.

Au début du mois, le Bureau politique du Parti communiste chinois avait annoncé un resserrement de la politique monétaire de la Chine pour contrer l'inflation et la flambée des prix de l'immobilier qui sont alimentées par l'injection massive de liquidités dans l'économie depuis deux ans.

Cette seconde hausse des taux d'intérêt vise à réduire la spéculation dans l'immobilier notamment, tout en freinant l'expansion de la masse monétaire, potentiellement génératrice d'inflation qui a son tour peut provoquer des mouvements sociaux et des revendications salariales. Des taux plus élevés permettent aussi de mieux rémunérer les épargnants.

Selon des analystes, cette dernière hausse des taux devrait être suivie d'autres l'année prochaine, les dirigeants redoublant d'efforts pour calmer l'anxiété croissante des consommateurs sur la hausse des coûts.

«Le choix du jour de Noël est un peu surprenant, mais je pense que le marché d'attendait à cette hausse des taux d'intérêt, a commenté à l'AFP Ken Peng, économiste de Citigroup basé à Pékin.

«La banque centrale a besoin de faire cela pour gagner en crédibilité dans sa lutte contre l'inflation», a-t-il poursuivi.

Au début du mois, la banque centrale avait déjà ordonné, pour la sixième fois de l'année, aux établissements financiers pratiquant des prêts immobiliers d'augmenter leurs réserves obligatoires, ce qui aurait dû limiter les quantités d'argent pouvant être prêtées. Mais malgré ces mesures, les prêts ont continué à être distribués massivement et les prix immobiliers ne se sont pas assagis.

La hausse des prix à la consommation a atteint 5% en novembre pour la première fois en deux ans et la hausse des prix alimentaires a atteint 12% sur un an, selon les chiffres officiels.

Selon le ministère du Commerce, les prix de 18 légumes dans 36 villes du pays avaient même augmenté de 62,4% début novembre, par rapport à la même période de l'an dernier.

«L'arme la plus importante contre l'inflation est de relever les taux», estime M. Shen Jianguang, analyste chez Mizuho Securities basé à Hong Kong.

«Le risque d'inflation est très très sérieux» en Chine, selon M. Shen, pour lequel le phénomène n'est pas dû qu'à la hausse des prix alimentaires, mais aussi à l'abondance de liquidités et aux hausses de salaire intervenues cette année.

Toutefois, une hausse des taux risque de rendre encore plus difficile la lutte contre un afflux de capitaux spéculatifs en Chine, où les rendements sont plus intéressants que dans les pays développés, estiment des économistes.

Le Bureau national des statistiques doit publier les principaux indicateurs économiques du pays lundi et de telles mesures sur les taux interviennent habituellement avant la publication de l'indice des prix à la consommation.