Un an après le début de la «crise grecque» qui a mis en péril la cohésion de la zone euro, le patron du FMI Dominique Strauss-Kahn a entamé mardi à Athènes une visite à haut risque, au moment où la Grèce engage un deuxième volet de réformes socialement lourdes à faire passer.

Tout en saluant les efforts faits par la Grèce depuis un an pour assainir ses finances publiques, M. Strauss-Khan reçu mardi à déjeuner par le Premier ministre grec Georges Papandréou, devrait notamment discuter des conditions de rallongement de la durée de remboursement du prêt accordé au pays en mai par le FMI et l'Union européenne (UE), soulignait mardi la presse grecque.

Après avoir été conforté dans les urnes début novembre, malgré les réformes impopulaires lancées depuis un an, le gouvernement socialiste de M. Papandréou se voit contraint d'engager - dans le cadre du budget 2011 - un deuxième volet de réformes plus dures à faire passer: privatisations, réforme du marché du travail, fusion des hôpitaux, réforme de l'enseignement supérieur, ouverture d'un ensemble de professions protégées à la concurrence.

La Grèce, qui a déjà reçu 30 milliards d'euros en deux versements sur le total du prêt de 110 milliards d'euros de l'UE et du FMI, dépend du lancement de ces mesures pour obtenir le feu vert au versement de la prochaine tranche de 9 milliards d'euros, prévu en février, ont prévenu FMI et UE en novembre.

En échange, ils se sont mis d'accord pour que la durée de remboursement du prêt, initialement prévu pour prendre fin en 2015, soit rallongée de plusieurs années et alignée sur celle dont bénéficie l'Irlande. L'objectif est de desserrer l'étau sur le pays qui souhaite retourner l'an prochain sur les marchés obligataires à long terme pour assurer lui-même le refinancement de sa dette.

«Nous ne pouvons pas nous permettre d'être en retard» dans les réformes, a déclaré dimanche le ministre grec des Finances, Georges Papaconstantinou.

«Pas seulement parce que ce serait mettre en danger nos finances, mais surtout parce que le pays et la société ne nous permettent plus de retarder le moment de faire ce qui est nécessaire pour sortir de l'impasse actuelle», a-t-il ajouté.

Mais, après un abattement généralisé perceptible depuis la rentrée, le climat social s'est tendu à Athènes. Lundi, une manifestation initialement destinée à commémorer la mémoire d'un garçon de 15 ans abattu par un policier en 2008, a revêtu des airs de contestation des mesures d'austérité dictées par le FMI et l'UE. Des poubelles et un kiosque ont brûlé dans les rues, au milieu des gaz lacrymogènes lancés par la police.

Face notamment à l'augmentation du chômage, qui doit culminer à 15% l'an prochain, une grève générale est prévue le 15 décembre, à l'appel de la centrale du privé, la GSEE. En jeu entre le gouvernement et les syndicats, un bras de fer sur les salaires dans le privé autour de la réforme du droit du travail et des conventions collectives.

Le gouvernement souhaite pouvoir imposer la primauté des accords d'entreprise sur les accords sectoriels de branche, ce qui faciliterait les baisses de salaires, déjà appliquées au cas par cas dans certaines entreprises, des médias notamment.

M. Strauss-Kahn, par ailleurs issu lui-même de la famille socialiste et cité comme un possible candidat socialiste à la prochaine présidentielle en France, a prévu de rencontrer les syndicats à Athènes au cours de sa visite, qui appellent par ailleurs à des manifestations mardi en fin d'après-midi.

Il doit aussi intervenir devant une commission du Parlement mardi soir. Mercredi, il doit rencontrer le ministre des Finances et le leader de l'opposition Antonis Samaras avant de quitter le pays pour Genève.