Le Royaume-Uni s'est dit prêt mercredi à voler au secours de son voisin irlandais, par peur des répercussions de la crise qu'il traverse sur sa propre économie, vu l'énorme exposition de ses banques et l'importance de ses échanges commerciaux avec l'ex-Tigre celtique.

«L'Irlande est notre plus proche voisin. Et c'est dans l'intérêt national britannique que l'économie irlandaise réussisse et que nous ayons un système bancaire stable. Donc, La Grande-Bretagne se tient prête à soutenir l'Irlande», a lancé mercredi le ministre britannique des Finances, George Osborne, en marge d'une réunion des ministres des Finances de toute l'UE à Bruxelles.

Seul État avec lequel le Royaume-Uni partage une frontière terrestre, via l'Irlande du Nord, la République d'Irlande est en effet un partenaire commercial de poids.

L'ex-colonie reste un débouché majeur pour les entreprises britanniques : elles y ont vendu pour près de 19 milliards d'euros l'an dernier, soit plus qu'en Chine, au Brésil, en Russie et en Inde réunis.

Mais la crise irlandaise fait aussi peser de lourds risques sur le secteur bancaire britannique, très actif dans l'île. D'après des données de la Banque des règlements internationaux, les banques britanniques étaient fin juin exposées à l'Irlande à hauteur de près de 100 milliards d'euros au total.

Elles se retrouveraient donc en première ligne en cas d'écroulement du système financier irlandais, et Londres a donc tout intérêt à aider son voisin à surmonter ses difficulté s'il veut éviter une contagion à son propre secteur financier qui peine déjà à se rétablir de la crise de 2008/2009.

Selon la presse, ces risques seraient portés surtout par deux groupes, tous deux détenus partiellement par l'État britannique, Royal Bank of Scotland et Lloyds Banking Group.

Le commissaire européen aux Affaires économiques, Olli Rehn, a lui même jugé la position de George Osborne «naturelle», vu les «très fortes interconnexions» entre les systèmes bancaires des deux pays.

Reste à voir quelle forme pourrait prendre la participation de Londres à un éventuel plan de sauvetage des banques irlandaises, dont discutent Dublin et ses partenaires européens.

Le Royaume-Uni, qui n'a pas adopté la monnaie unique, n'est pas membre du fonds de stabilisation de la zone euro, doté de 440 milliards d'euros. Il est toutefois prévu que des pays hors euro puissent y participer s'ils le désirent.

Londres serait en tout cas appelé à contribuer à une aide si la Commission européenne décidait d'accorder des prêts complémentaires à l'Irlande au nom de toute l'UE, via le «mécanisme de stabilisation financière européen» agréé en mai. Dans ce cadre, le Royaume-Uni pourrait apporter jusqu'à 8 milliards d'euros sur un total de 60 milliards maximum.

Mais le Financial Times avançait ce mercredi une autre piste, affirmant que la Grande-Bretagne envisageait de prêter directement à l'Irlande plusieurs milliards d'euros, sur une base bilatérale plutôt que de participer à un plan européen.

Le premier ministre David Cameron et le ministère des Finances ont refusé de commenter ces informations. Mais un diplomate européen a confié à l'AFP, sous couvert de l'anonymat, que l'hypothèse d'un prêt bilatéral était crédible, car une telle solution serait «plus présentable» pour les conservateurs britanniques, majoritairement eurosceptiques.