Le ministre canadien du Commerce international, Peter Van Loan, a minimisé lundi l'importance du volet culturel lors de la négociation du futur accord commercial entre le Canada et l'Union européenne, un point de vue opposé à celui du Québec.

Le cinquième cycle de négociations sur cet accord a commencé lundi à Ottawa, et les gouvernements provinciaux y sont représentés.

Dans une interview à l'AFP, M. Van Loan a affirmé, à propos du chapitre culturel, que ce ne sont pas «les livres ou les programmes de télévision lettons» qui présentent un risque pour la culture canadienne.

Il s'agit pourtant d'un point très important pour le Québec, selon son représentant aux négociations, l'ancien premier ministre Pierre-Marc Johnson.

Pour M. Johnson, qui s'est exprimé récemment à l'Assemblée nationale du Québec, «il n'est pas question de soumettre le monde de l'édition, le monde de l'audiovisuel (...) à l'accord commercial lui-même».

C'est d'ailleurs la position que le Canada cherche à défendre, mais que l'Europe n'accepte pas, selon le sénateur libéral Francis Fox qui y a consacré récemment un texte intitulé «L'exemption culturelle menacée», dans La Presse.

Interrogé par l'AFP sur ce risque, le ministre Van Loan s'est contenté de répondre qu'il «laissait cela aux négociateurs».

«L'histoire de la sensibilité concernant la culture au Canada découle principalement de notre expérience de pourparlers sur le libre-échange avec les États-Unis», a-t-il expliqué.

Mais, «le risque d'être submergé par la culture, les films, la musique et les programmes de télévision américains est très différent du risque d'être envahi par une mer de livres et programmes de télévision lettons», a-t-il affirmé.

Pour le sénateur Fox, les deux risques sont pourtant liés: «Si le Canada devait céder face à l'UE, il y a fort à parier que les États-Unis voudront bénéficier du même traitement lors de la renégociation de l'ALENA», pense-t-il.