Le ministre japonais des Finances, Yoshihiko Noda, reconduit vendredi dans ses fonctions, a estimé que le Japon devait expliquer aux autres pays les raisons de sa récente intervention unilatérale sur les marchés des changes pour affaiblir le niveau du yen.

«Il est important que le gouvernement exprime sa position à la communauté internationale», a déclaré à la presse M. Noda, interrogé sur les réactions critiques de responsables étrangers.

M. Noda a toutefois répété que le Japon continuerait si nécessaire de «prendre des mesures décisives, y compris de nouvelles interventions».

Le chef de file des ministres des Finances de la zone euro, Jean-Claude Juncker, avait critiqué jeudi l'intervention directe du Japon la veille sur les places financières.

«Il est clair que nous n'aimons pas le comportement des Japonais. Nous n'aimons pas (...) les interventions unilatérales», avait déclaré M. Juncker, jugeant l'opération nippone malvenue.

À la surprise générale, le gouvernement japonais avait lancé mercredi une vente massive de yens sur plusieurs marchés des changes, à Tokyo, Londres et New York, afin de faire chuter le cours de la devise nippone vis-à-vis du dollar et de l'euro.

Après une ascension entamée plusieurs semaines auparavant, le yen venait juste de dépasser un «niveau d'alerte» jugé «intolérable» au Japon, le billet vert passant sous les 83 yens.

Le gouvernement nippon n'avait pas agi de la sorte depuis mars 2004.

L'intervention a duré au moins 24 heures et a atteint un montant évalué par les cambistes à près de 2000 milliards de yens (environ 24 à 25,4 milliards CAN), bien que le gouvernement ne confirme pas ces chiffres.

Le dollar et l'euro ont depuis nettement remonté face à la monnaie japonaise, au-dessus de 85 yens pour le billet vert et au-delà de 112 yens pour la devise européenne.

Les milieux d'affaires japonais réclament pour leur part une persévérance des autorités nippones, estimant que le dollar devait remonter à 90 yens, niveau souvent pris en compte par les entreprises exportatrices japonaises dans leurs prévisions.

La cherté actuelle de la devise japonaise, en pénalisant l'industrie locale, risque d'avoir de fortes répercussions sur l'économie nippone, d'autant qu'elle contribue aussi à amplifier la déflation du fait de la baisse mécanique des tarifs des produits importés.