Le chef de file des ministres des Finances de la zone euro, Jean-Claude Juncker, a critiqué jeudi l'intervention la veille du Japon sur le marché des changes afin d'abaisser la valeur du yen, à son avis «pas bienvenue», ainsi que la politique de changes de la Chine.

«Il est clair que nous n'aimons pas le comportement des Japonais. Nous n'aimons pas (...) les interventions unilatérales, car nous persistons à considérer que les interventions sur les marchés ne sont efficaces que si elles sont organisées par les États-Unis, par la zone euro et par le Japon, d'une manière vraiment engagée», a indiqué M. Juncker.

«La récente intervention unilatérale à l'initiative du Japon n'est pas bienvenue», a-t-il encore dit lors d'une conférence de presse à l'issue d'un sommet des dirigeants européens à Bruxelles.

Mercredi, les autorités japonaises ont vendu massivement des yens sur les marchés, principalement contre des dollars, afin d'abaisser la valeur du yen qui venait d'atteindre son plus haut niveau en 15 ans face au billet vert.

Le premier ministre japonais, Naoto Kan, a prévenu jeudi que le Japon interviendrait de nouveau directement sur les marchés des changes «si nécessaire», afin d'affaiblir le yen si sa valeur remontait trop vite.

«Nous ne pensons pas que le yen, par rapport à l'euro, soit surévalué, mais qu'il est toujours sous-évalué», a encore estimé M. Juncker.

Il a par ailleurs estimé que les pays de la zone euro devaient faire preuve de «plus d'insistance» dans leurs discussions sur les taux de changes avec la Chine et que «le yuan est toujours sous-évalué».

«Je dois reconnaître que les Chinois ont pris sur les deux ou trois derniers mois une position différente en matière de politique monétaire, mais je ne pense pas que les efforts des Chinois soient suffisants», a-t-il ajouté.

La Chine a autorisé le yuan à flotter un peu plus librement en juin.

Mais le secrétaire au Trésor américain, Timothy Geithner, a également haussé le ton contre Pékin jeudi, l'accusant de «maintenir un taux de changes rigide» en intervenant massivement pour affaiblir sa monnaie, et a jugé qu'il était «grand temps» que Pékin change son modèle économique.