La Commission européenne, gardienne de la concurrence en Europe, a infligé mercredi des amendes de 518 millions d'euros à 17 aciéristes qui avaient constitué pendant 18 ans un cartel illégal, dont 276 millions pour le numéro un du secteur, ArcelorMittal.

Selon Bruxelles, ces entreprises se sont entendues de 1984 à 2002 pour fixer les prix et se partager le marché de l'acier de précontrainte, constitué de fils d'acier frisés utilisés avec le béton sur les chantiers dans les fondations, les balcons ou les ponts.

Elles ont échangé des renseignements commerciaux sensibles, fixé des quotas et même contrôlé que leurs accords illégaux étaient bien respectés grâce à un système de coordinateurs nationaux et de contacts bilatéraux.

Les entreprises se rencontraient généralement en marge de réunions commerciales officielles dans des hôtels de l'Europe entière. Au final le cartel a officié dans tous les pays de l'UE de l'époque, à l'exception du Royaume-Uni, de l'Irlande et de la Grèce, ainsi qu'en Norvège.

Le commissaire à la Concurrence Joaquin Almunia a jugé «étonnant de constater qu'un nombre important d'entreprises ont trompé la quasi-totalité du marché européen de la construction pendant aussi longtemps et pour un produit aussi essentiel».

«On dirait presque qu'elle ont agi dans une économie planifiée», a-t-il commenté.

L'autrichien Voestalpine, qui a écopé d'une amende de 22 millions d'euros, a d'ores et déjà annoncé son intention de déposer un recours judiciaire contre la décision.

Le cartel a pris fin après une dénonciation en 2002 auprès de la Commission, par l'allemand DWK/Saarstahl. Ce dernier a du coup bénéficié de l'immunité prévue par le «programme de clémence» de Bruxelles et été exonéré d'amende.

La Commission précise avoir également accordé des réduction de 25%, 50% et 75% à trois entreprises, non identifiées, qui disaient ne pas pouvoir payer leur amende vu leur situation économique.

«D'éventuelles invocations d'incapacité à payer ne seront prises en compte que s'il est avéré que l'amende conduirait l'entreprise à sa faillite, ce qui est rare, même dans la situation actuelle», a prévenu Joaquin Almunia.

«La Commission n'aura aucune indulgence vis-à-vis des membres de cartels», a-t-il insisté.

Dans le cas du cartel de l'acier, vu la longue durée de l'entente illégale, l'amende de plusieurs entreprises aurait pu dépasser 10% de leur chiffre d'affaires annuel, le maximum prévu par les règles européennes. Elle a donc été ramenée à ce niveau, précise Bruxelles.