Les pays européens ont relativisé lundi l'importance de la chute brutale de l'euro provoquée par les inquiétudes sur la santé financière de plusieurs pays, certains allant jusqu'à se féliciter de l'impact positif qu'elle a sur les exportations.

«Je ne suis pas préoccupé par l'euro», même s'il est tombé dans la journée sous 1,19$ US pour la première fois en plus de quatre ans, se rapprochant de son niveau de lancement en 1999, a déclaré le président de l'Eurogroupe, Jean-Claude Juncker.

Il s'exprimait en marge d'une réunion de ce forum des ministres des Finances de la zone euro à Luxembourg.

Le ministre néerlandais des Finances, Jan Kees de Jager, a fait valoir de son côté «que le taux de change actuel de l'euro est à peu près au niveau de sa moyenne historique (...) et à environ 50% de son niveau le plus bas» atteint en 2000 à 0,8230$ US.

Son collègue luxembourgeois, Luc Frieden, a lui aussi relevé qu'il fallait «regarder les taux de change sur la durée». «Nous avons connu une période où l'euro valait moins que le dollar», a-t-il dit, «ce qui est important ce ne sont pas les mouvements de change à court terme mais les données fondamentales de la zone euro et la stabilité nécessaire des finances publiques», a estimé le ministre.

Le ministre belge des Finances, Didier Reynders, a pour sa part mis en avant l'aspect positif de la baisse du taux de change, qui rend les exportations de la zone euro moins chères comparativement.

«Que l'euro nous permette de gagner en compétitivité pourquoi pas?», a-t-il dit. «Un euro qui permet d'être plus compétitif (...) n'est pas un euro qui pose problème, ce qu'il faut éviter ce sont les fluctuations rapides et fréquentes», a-t-il dit.

Dans le même ordre d'idée, le commissaire européen aux Affaires économiques et monétaires, Olli Rehn, a estimé «qu'en réalité c'est plus la rapidité de l'évolution que le niveau qui est préoccupante».

Le Premier ministre français François Fillon s'était lui carrément félicité de la baisse de l'euro vendredi à Paris.

«J'ai déjà eu l'occasion de dire que je ne voyais que des bonnes nouvelles dans la parité (niveau actuel, ndlr) entre l'euro et le dollar, je n'ai pas changé de discours», a déclaré le Premier ministre.

«Depuis des années, avec le président de la République, nous nous plaignons du fait que cette parité entre l'euro et le dollar ne correspond pas à la réalité de nos économies et handicape nos exportations. Je n'ai pas d'inquiétude quant à l'actuelle parité entre l'euro et le dollar», avait ajouté M. Fillon.

Les ministres européens des Finances estiment que les efforts de rigueur budgétaires annoncés dans la plupart des pays, ainsi que la mise en place d'un fonds de soutien pour les pays de la zone euro qui connaîtraient des difficultés, permettront de ramener la confiance.