Les ministres allemand et français des Finances Wolfgang Schäuble et Christine Lagarde ont réagi mardi avec prudence à l'idée d'introduire une taxe sur les transactions financières, en marge d'une réunion avec leurs homologues européens à Bruxelles.

Une taxe sur les transactions financières ne peut fonctionner «de façon sensée que si c'est mis en oeuvre à l'échelle mondiale», a indiqué le ministre allemand Wolfgang Schäuble, qui a des «doutes considérables» de pouvoir y parvenir.

«Mais je suis néanmoins favorable à ce que nous les Européens militions ensemble pour une telle solution. La date décisive est le sommet des chefs d'État et de gouvernement (du G20) en juin au Canada», a-t-il précisé.

Son homologue française Christine Lagarde a estimé pour sa part qu'il «fallait considérer la taxation des banques et du secteur financier en général, dans son ensemble, et faire très attention à la base sur laquelle on calcule la taxe».

Les transactions financières «pourraient ne pas être le moyen le plus efficace de calculer une taxe ou un impôt», a estimé Mme Lagarde.

Il y a d'autres bases de calcul, à l'instar du bilan des banques, a-t-elle précisé.

En tout état de cause, «il ne doit y avoir aucune discrimination ni aucun avantage comparatif pour les banques ou les institutions financières qui resteraient en dehors du champ de taxation», a insisté Mme Lagarde.

Les chefs des groupes politiques du Parlement européen réunis en session à Strasbourg se sont tous prononcés mardi en faveur d'une taxe sur les transactions financières, mais le sujet divise encore les conservateurs du Parti Populaire Européen, a reconnu leur chef de groupe, le Français Joseph Daul.

«Personnellement je suis pour, mais je sais que je vais avoir des débats au sein de mon groupe», a-t-il expliqué au cours d'un point de presse.

Les socialistes plaident pour «un prélèvement de 0,05% sur toutes les transactions financières, ce qui permettrait de trouver plus de 10 milliards d'euros», a expliqué leur chef de file, l'Allemand Martin Schulz.

«Il n'y a pas de temps à perdre pour mettre en place un tel outil», ont pour leur part insisté les deux co-présidents des Verts, Rebecca Harms et Daniel Cohn-Bendit.

L'idée dispose d'«une majorité au Parlement européen», ont-ils précisé.

À Berlin, les parlementaires de la majorité gouvernementale ont également indiqué mardi qu'ils allaient exiger que l'Allemagne s'engage pour l'introduction d'un tel mécanisme.

Dans une lettre envoyée la semaine dernière aux autres responsables européens, le président de la Commission européenne José Manuel Barroso a demandé que l'Europe plaide au G20 de Toronto pour une taxe sur les institutions financières.

Début avril, la Commission a publié une étude selon laquelle une telle taxe sur les banques dans l'UE pourrait «générer des revenus substantiels» allant jusqu'à plus de 50 milliards d'euros, et améliorerait la stabilité du système.

L'idée d'une taxe sur les banques fait son chemin en Grande-Bretagne, où le nouveau gouvernement a annoncé son intention d'en mettre une en place.

Et la mesure a déjà été adoptée fin mars par l'Allemagne, où le nouvel impôt doit alimenter à hauteur de plus d'un milliard d'euros par an un fonds de secours au secteur bancaire.