Le conseil des ministres allemand a adopté lundi le projet de loi permettant le déblocage des fonds destinés à la Grèce, première étape du processus qui devrait assurer cette semaine l'activation du volet allemand du plan d'aide.

La chancelière Angela Merkel avait réuni ses ministres pour un conseil des ministres exceptionnel, à seule fin de valider la loi qui doit permettre à la banque publique KfW de prêter cette année 8,4 milliards d'euros à Athènes. En 2011 et 2012, 14 milliards d'euros supplémentaires devraient s'y ajouter.

Le feu vert du gouvernement enclenche une procédure accélérée, qui verra la chambre basse du Parlement, le Bundestag, examiner en première, deuxième et troisième lecture puis voter le texte cette semaine, un processus qui dure d'ordinaire plusieurs mois. Le Bundesrat, chambre haute, se réunit vendredi.

Cette procédure expresse a fait grincer des dents plus d'un parlementaire, mais le soutien des deux chambres est désormais acquis. En tout état de cause, la coalition conservateurs-libéraux d'Angela Merkel dispose de la majorité dans les deux chambres.

La semaine dernière, le directeur général du Fonds monétaire international (FMI) Dominique Strauss-Kahn et le président de la Banque centrale européenne (BCE) Jean-Claude Trichet sont venus plaider la cause d'Athènes auprès de plusieurs députés. Lundi c'est Olli Rehn, commissaire européen aux Affaires économiques, qui avait fait le voyage pour s'adresser à la direction du parti social-démocrate SPD, principale force d'opposition.

L'Allemagne, plus grosse contributrice au plan d'aide de 110 milliards d'euros sur trois ans ficelé par les pays de la zone euro et le FMI, s'est longtemps montrée extrêmement réticente à un soutien de la Grèce, à l'approche d'un scrutin régional crucial pour le gouvernement le 9 mai et alors que quelque 56% des Allemands sont opposés à une aide, selon un dernier sondage.

La chancelière s'y est toutefois résolue car c'est «le seul moyen de garantir la stabilité de l'euro», a-t-elle répété dimanche.

Le ministre des Finances Wolfgang Schäuble a insisté à plusieurs reprises sur le fait que le contribuable allemand ne mettait pas directement la main au pot. L'Etat fédéral sera seulement garant du prêt de la banque KfW. Et, souligne le ministre, celui-ci sera dûment remboursé.

«Je suis confiant qu'il n'y a aucun risque pour le contribuable allemand», a affirmé M. Schäuble lundi au quotidien Bild, journal le plus lu d'Allemagne.

«Nous avons une bonne chance de revoir cet argent», a déclaré pour sa part Michael Hüther, président de l'institut économique IW, au quotidien Hamburger Abendblatt. «Et au final, nous pourrons avoir 5% sur l'argent que nous prêtons, alors que nous-mêmes n'avons payé que 3%», a-t-il ajouté.

Les prêts consentis à Athènes par ses partenaires européens sont assortis d'un taux de 5%, largement inférieur à ce que le pays devrait payer s'il empruntait sur les marchés, mais de loin supérieur au taux auquel l'Allemagne émet de la dette.

La semaine dernière un autre économiste influent, le président de l'institut Ifo, avait jeté de l'huile sur le feu en affirmant que les Allemands ne reverraient jamais leur argent.