La crise grecque inquiète bien au-delà des frontières de l'Europe. Certains experts évoquent un risque de contagion internationale similaire à celle provoquée par l'effondrement de la banque Lehman Brothers en 2008, à l'origine de la récente crise de l'économie mondiale.

«Économiquement, la Grèce est minuscule, mais le danger est la contagion et la panique sur les marchés», souligne David Wyss, chef économiste chez Standard & Poor's à New York.

«Si les gens se mettent à avoir peur d'un défaut de paiement de la Grèce, ils vont avoir peur d'un défaut de paiement du Portugal et ensuite d'autres pays, explique-t-il. Une fois que les gens paniquent, ils paniquent sur tout. Nous avons vu cela après la faillite de Lehman Brothers.»

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Les marchés mondiaux ont été affectés par une série de mauvaises nouvelles en provenance d'Europe, à commencer par l'abaissement de la note de la dette grecque, puis de celles du Portugal et de l'Espagne. Le gouverneur de la Banque du Canada, Mark Carney, estime que la crise grecque pourrait faire dérailler la relance de l'économie mondiale et avoir des répercussions jusqu'au Canada.

En Asie, les inquiétudes restent pour l'heure mesurées, même si l'Europe représente un important marché d'exportation pour la Chine et le Japon. Certains dans la région craignent toutefois que les problèmes de l'Europe n'affectent le système financier asiatique, entraînant une restriction de l'accès au crédit pour les entreprises et les particuliers.

Un autre risque serait que la Chine retarde une réévaluation de sa monnaie, largement considérée comme sous-évaluée, aggravant ainsi les tensions avec les États-Unis et d'autres partenaires commerciaux.

Pour Nariman Behravesh, chef économiste chez IHS Global Insight, il est crucial que le plan d'aide à la Grèce préparé par l'Union européenne et le Fonds monétaire international (FMI) soit suffisamment crédible pour rassurer les marchés.

Les économistes notent que les pays qui subissent une crise bancaire se retrouvent souvent avec une crise budgétaire un peu plus tard, car ils empruntent massivement pour soutenir leurs banques.

Si la dette américaine a atteint cette année des proportions jamais vues depuis 1951, les États-Unis possèdent une économie capable de produire une croissance solide et ainsi d'augmenter les recettes de l'État, ce qui n'est pas le cas de la Grèce.

Le Japon supporte la plus importante dette publique du monde industrialisé, mais n'est pas menacé par une crise imminente. Plus de 90% de la dette japonaise est financée au niveau intérieur et son remboursement reste gérable grâce à de faibles taux d'intérêt.

L'archipel détient en outre les deuxièmes réserves mondiales de devises étrangères. La crise grecque a même conduit des investisseurs à se rabattre vers les obligations d'État japonaises. Reste que l'agence de notation Fitch Ratings a averti la semaine dernière que la note de la dette japonaise pourrait être abaissée si Tokyo ne réduit pas sa dette colossale, qui a atteint 201% de son produit intérieur brut (PIB) en 2009.

En Chine, à en croire les statistiques officielles, la dette représente environ 20% du PIB. Un chiffre largement sous-évalué, selon Tom Orlik, un analyste basé à Pékin, qui estime que la dette chinoise atteint en fait plus de 50% du PIB. «C'est plus que le gouvernement ne le reconnaît, mais ce n'est toutefois pas un chiffre très alarmant» précise-t-il.

Si l'Asie semble assez solide pour échapper aux problèmes d'endettement rencontrés par la Grèce, elle n'est pas à l'abri de l'inquiétude suscitée par cette crise. Les marchés d'actions ont été ébranlés cette semaine dans la région, comme en Europe et aux États-Unis.