Le procès politiquement très délicat d'un responsable australien de Rio Tinto est entré mardi à Shanghai dans la phase du huis clos avec l'examen des accusations d'espionnage industriel pesant sur Stern Hu et trois de ses collaborateurs chinois.

Stern Hu, Liu Caikui, Wang Yong et Ge Minqiang, comparaissent depuis lundi pour vols de secrets commerciaux et corruption, huit mois après leur arrestation qui a semé l'inquiétude chez les investisseurs étrangers en Chine et a tendu les relations sino-australiennes.

La première journée a été marquée par une admission partielle des faits de corruption de la part de M. Hu, qui dirige le bureau du géant minier anglo-australien à Shanghai, selon des sources judiciaire et diplomatique.

En fin de matinée mardi, «le tribunal a déclaré la fin des procédures liées aux accusations de corruption, la session de l'après-midi devant être consacrée aux accusations relatives aux secrets commerciaux», a annoncé mardi le consul général d'Australie à Shanghai, Tom Connor.

Le diplomate a aussi indiqué que les prévenus avaient eu l'occasion de répondre aux premières accusations mais que Stern Hu n'avait fait aucun commentaire.

La veille, M. Connor avait annoncé que M. Hu «avait reconnu une partie des accusations de corruption».

Dès cette première journée, l'accès au tribunal avait été restreint à une poignée de journalistes des médias officiels parmi les dizaines de correspondants massés devant le siège du tribunal.

Mais avec l'examen des charges de «violations de secrets commerciaux», le tribunal a totalement fermé ses portes au public, comme prévu.

Tom Connor a confirmé que les représentants consulaires australiens ne pourraient assister à cette partie du procès, bien que les autorités australiennes aient insisté pour avoir accès à l'intégralité des audiences.

Le premier ministre australien, Kevin Rudd, a notamment averti que «le monde allait être très attentif» au procès.

Pour les hommes d'affaires étrangers, ce dossier donnera la mesure du climat des affaires en Chine, qui s'effectuent parfois dans des zones de flou juridique, à l'heure où les entreprises étrangères ont l'impression que le marché chinois se ferme à elles.

Cependant, selon l'avocat de Liu Caikui, M. Hu a bel et bien plaidé coupable de faits de corruption, même s'il a contesté les montants lui étant reprochés.

Cet avocat, Tao Wuping, a précisé que Stern Hu est accusé, comme Ge Minqiang, d'avoir touché près de 650 000 euros de pots-de-vin, Liu la moitié de cette somme, tandis que Wang Yong aurait lui reçu plus de 7,5 millions d'euros.

Liu, Wang et Ge ont aussi admis avoir accepté de l'argent sale mais contesté des détails de l'accusation, selon des avocats cités par l'agence Dow Jones Newswires.

L'argent aurait été versé par des aciéristes chinois, selon la même source.

La loi chinoise prévoit des peines de cinq ans de prison pour des pots-de-vin allant de 50 000 à 100 000 yuans (5400 à 10 800 euros euros).

Au delà, la peine est d'au moins 10 ans et peut aller jusqu'à la détention à vie, voire la peine de mort.

Rio Tinto, une des trois plus grandes entreprises minières de la planète, a jusqu'à présent dit ne pas être au courant de malversations de la part de ses employés.

La Chine, pour sa part, insiste sur le fait que le cas est traité «selon la loi».

«La Chine et l'Australie sont restées en contact sur cette question et la Chine a donné des informations en temps et en heure sur ce cas», a affirmé mardi le porte-parole du ministère des Affaires étrangères.

L'arrestation des quatre hommes est intervenue alors que les aciéristes chinois tentaient de négocier les prix du minerai de fer avec les géants miniers, dont Rio Tinto.