Le directeur général du Fonds monétaire international Dominique Strauss-Kahn a annoncé vendredi qu'il allait demander aux Etats membres de donner à cette insitution un nouveau rôle, de supervision et d'intervention, pour prévenir les crises économiques mondiales.

L'ambition du FMI sera d'obtenir des outils plus efficaces pour détecter les risques potentiels, et fournir une réponse rapide aux problèmes de liquidité.

«Il pourrait y avoir besoin d'un mandat plus clair pour traquer les risques pesant sur la stabilité économique mais aussi, je souligne, sur la stabilité financière mondiale», a déclaré M. Strauss-Kahn lors d'un discours à Washington devant le Comité Bretton Woods.

«Lors de cette crise, le Fonds a prouvé sa valeur au monde», a-t-il estimé, mais «il est tout simplement impossible d'imaginer que la surveillance bilatérale suffise (...) pour éviter ou au moins atténuer» une crise d'une telle ampleur à l'avenir.

En l'état actuel, le FMI publie déjà des rapports sur l'économie de chacun de ses 186 Etats membres, sur la conjoncture économique mondiale, et sur la stabilité du système financier mondial.

Mais dans les années précédant la crise, il n'avait pas anticipé à quel point l'accumulation de prêts immobiliers à risque aux Etats-Unis pourrait faire plonger le crédit et l'activité dans le pays, puis dans le reste du monde.

«Nous lançons l'idée d'une nouvelle procédure de surveillance multilatérale. Cela permettrait, d'ailleurs cela exigerait, que le Fonds évalue les effets plus larges et systémiques des politiques nationales, et les risques associés, d'une façon fondamentalement différente», a expliqué M. Strauss-Kahn.

Ce rôle de vigie s'accompagnerait d'une force de frappe financière nouvelle.

Le FMI a déjà triplé sa capacité de prêt en un an, à 850 milliards de dollars, grâce à des prêts de ses Etats membres.

Son directeur général a estimé l'institution «prête à répondre» à des crises de liquidité mondiale, comme la pénurie de dollars en 2008, qui avait poussé la banque centrale américaine (Fed) à conclure des lignes d'échanges de devises avec certaines de ses homologues.

«Dans ce contexte, nous explorons actuellement diverses possibilités, y compris des lignes de crédit à court terme, multinationales, que le Fonds pourrait déployer lors d'une crise systémique», a précisé M. Strauss-Kahn.

Il a proposé d'étendre la facilité d'accès et la durée d'un outil de prêt que le FMI a créé en mars, la Ligne de crédit modulable. Ouverte à tous les pays que le FMI considère comme «bien gérés», cette ligne permet à trois Etats membres actuellement (Mexique, Colombie et Pologne) d'avoir un prêt à disposition dès qu'ils le souhaitent, renouvelable tous les six mois.

M. Strauss-Kahn a avancé la proposition de «réservoirs régionaux» en prévision des crises, qui «peuvent être une force positive et de stabilisation dans le financement international». Il a cité l'exemple des prêts qui ont été accordés de manière coordonnée par l'Union européenne et le FMI à des membres de l'UE en difficulté: la Hongrie, la Lettonie et la Roumanie.

A plus long terme, et tout en précisant que «le jour n'est pas encore venu», le FMI réfléchit à la création d'un «actif de réserve émis mondialement». M. Strauss-Kahn souhaite éviter l'inconvénient du système monétaire international en place aujourd'hui, dans lequel la monnaie de réserve internationale, le dollar, est soumise «aux politiques et aux conditions en vigueur dans un pays unique, bien que dominant».