La Grèce multiplie ses efforts pour calmer les marchés financiers effrayés par l'ampleur de sa dette publique, mais les réformes d'austérité envisagées inquiètent la population. Un appel à la grève générale a été lancé pour mercredi, une première dans le pays.

Le premier ministre grec, Georges Papandréou, est quant à lui attendu mercredi à Paris, pour des entretiens notamment avec le président français Nicolas Sarkozy, à la veille d'un sommet de l'Union européenne à Bruxelles consacré à la crise économique.

«Notre premier devoir aujourd'hui est de sauver l'économie et de réduire la dette, en trouvant les solutions les plus justes, qui protègent, autant que possible, les classes moyennes et les plus pauvres», a expliqué M. Papandréou mardi en conseil des ministres. Les réformes «doivent continuer (...) et aller en s'accélérant».

Le plan d'austérité que prépare le tout nouveau gouvernement de centre-gauche (Parti socialiste, PASOK), élu il y a quatre mois, prévoit de diminuer de 2 milliards d'euros (près de 3 milliards CAN)les dépenses publiques. L'État espère aussi engranger plus de 5 milliards d'euros (environ 7,4 milliards CAN) en mettant en place des impôts supplémentaires et en luttant contre l'évasion fiscale.

Le ministre du Travail, Andréas Loverdos, a annoncé mardi que l'âge de la retraite serait repoussé de deux ans, pour être porté à 63 ans d'ici 2015. «Notre situation est dramatique. Nous changeons le système de sécurité sociale du pays pour lui assurer un avenir viable», a ajouté M. Loverdos.

«Nous devons tout changer ou nous coulerons tous ensemble», a lancé M. Papandréou lundi soir devant le Parlement.

Mais ces réformes inquiètent de nombreux Grecs. Mercredi, les écoles, hôpitaux, perceptions des impôts et représentations ministérielles en région seront en grève. Tous les aéroports de Grèce seront fermés. Le secteur privé a prévu de débrayer séparément, le 24 février.

La Grèce fait tout pour montrer qu'elle n'a pas besoin de plan de sauvetage d'une institution, d'un pays européen ou encore du Fonds monétaire international (FMI), une position qui a reçu le soutien de la Commission européenne et des Etats membres de l'Union européenne. Mais les tentatives de rassurer les marchés sur la solidité de la zone euro et faire cesser la spéculation sur la dette grecque ont jusqu'ici échoué.

De son côté, la Banque européenne d'investissement (BEI) a précisé mardi dans un communiqué qu'elle ne proposerait pas non plus de plan de sauvetage à la Grèce ou à tout autre pays membre de la zone euro (comme l'Espagne, le Portugal ou l'Irlande) qui ne pourrait honorer sa dette publique, son règlement n'autorisant pas ce genre d'intervention.

Jürgen Stark, membre du directoire de la Banque centrale européenne (BCE), avait lancé le mois dernier: «les marchés se bercent d'illusions s'ils croient que les États membres vont ouvrir leurs portefeuilles pour sauver la Grèce».

Le Traité de Lisbonne autorise toutefois les gouvernements de l'UE à intervenir pour l'un des leurs s'il «connaît des difficultés ou une menace sérieuse de graves difficultés, en raison de catastrophes naturelles ou d'événements exceptionnels échappant à son contrôle».

Les chefs d'État et de gouvernement des 27 se retrouvent jeudi pour discuter croissance économique et relance. La Grèce ne figure pas au menu officiel de leurs discussions.