La Commission européenne, soucieuse de mettre le holà à la chute de l'euro, a donné hier son imprimatur au plan d'austérité mis de l'avant par la Grèce pour redresser ses finances tout en promettant de veiller rigoureusement à sa mise en oeuvre.

L'organisation «surveillera de près et régulièrement l'exécution de ces réformes et accueille favorablement la disposition du gouvernement grec d'adopter des mesures supplémentaires si cela est nécessaire», a souligné le commissaire européen aux Affaires économiques et monétaires, Joaquin Almunia.

Au cours des derniers jours, M. Almunia avait prévenu que l'objectif de ramener le déficit public à 3% du produit intérieur brut (PIB) en 2013, comparativement à 12,7% en 2009, était «réaliste mais sujet à risques».

Un premier rapport d'étape devra être déposé à la mi-mars par le gouvernement du premier ministre grec Georges Papandréou, qui entend notamment geler les salaires dans la fonction publique, relever l'âge de départ à la retraite et augmenter les taxes sur les carburants.

Les inquiétudes relatives à la solvabilité du petit pays, qui représente 3% du PIB européen, ont fait monter en flèche le coût du financement de sa dette.

L'écart entre le taux d'intérêt que doit payer Athènes pour un emprunt sur 10 ans et celui payé par l'Allemagne, en bien meilleure forme, a atteint quatre points de pourcentage au cours des derniers jours.

L'inquiétude suscitée par la situation économique de la Grèce, qui risque d'être secouée par de grandes manifestations la semaine prochaine, relance les spéculations sur les risques d'éclatement de la zone euro.

Mathieu Plane, de l'Observatoire français des conjonctures économiques, ne croit pas qu'il existe un réel risque de voir le pays renoncer à l'euro. Le coût résultant des emprunts monterait alors en flèche, rendant la manoeuvre sans intérêt, dit-il.

L'analyste ne croit pas non plus que les pays membres accepteront de laisser tomber la Grèce si elle devait se diriger vers la faillite. «Ce serait catastrophique pour la Grèce et pour la zone euro», souligne l'économiste.

Les dirigeants européens, dit-il, rechignent cependant à s'avancer trop clairement sur un éventuel plan de sauvetage, de crainte de conforter dans leurs pratiques les pays manquant de rigueur en matière budgétaire.

Plusieurs autres États présentent des résultats financiers qui sont jugés préoccupants par les marchés. «Après la Grèce, il y a d'autres pays, comme l'Espagne et le Portugal. C'est pourquoi le problème grec, en dépit des caractéristiques particulières, est aussi un problème de la zone euro», prévenait il y a quelques jours le ministre grec des Finances, Georges Papaconstantinou.

Le Financial Times s'inquiétait il y a quelques jours du fait que l'Espagne peine à reprendre le contrôle de ses finances. Une situation d'autant plus problématique que le pays représente l'une des économies les plus importantes de la zone euro, avec la France, l'Allemagne et l'Italie.

Le déficit espagnol a atteint 11,4% en 2009 et le chômage explose, frôlant les 20%, ce qui a poussé le gouvernement de Jose Luis Zapatero à annoncer il y a quelques jours un ambitieux plan d'austérité. Il vise à permettre des économies de 50 milliards sur trois ans, notamment en faisant passer l'âge de 65 à 67 ans.

«L'Espagne est un pays sérieux», a assuré le premier ministre au cours de son passage à Davos, en Suisse, pour tenter de rassurer les créditeurs.

Le Portugal est aussi sous pression des agences de notation, qui doutent de la faisabilité des objectifs budgétaires présentés pour 2010.

Le premier ministre portugais José Socrates, dans une entrevue au quotidien français Libération, a déclaré hier que ces inquiétudes n'étaient pas justifiées.

«Je ne comprends pas cette suspicion à l'égard de mon pays. Il faut que l'on m'explique en quoi notre situation est différente de celle des autres pays et en quoi elle est plus préoccupante», a-t-il noté, en relevant que le déficit avait atteint 9,3% du PIB en 2009.

À terme, certains analystes pensent que les difficultés subies par ces pays pourraient préparer le terrain à un renforcement de la coordination économique à l'échelle de la zone euro.

La volonté politique manque cependant pour aller de l'avant dans ce domaine, estime Mathieu Plane, qui estime inefficaces les critères de convergence économiques actuellement utilisés par l'Union européenne.

«Pour l'instant, on a une seule monnaie et 16 politiques différentes», dit-il.