Des experts de la Commission européenne et de la Banque centrale européenne (BCE) ont poursuivi jeudi à Athènes, pour le deuxième jour consécutif, un examen détaillé des finances publiques de la Grèce, dont le dérapage a plongé le pays dans une grave crise.

En vue de la soumission du programme national de stabilité et de croissance (PSC) à Bruxelles fin janvier, au moins cinq experts européens ont entamé mercredi des entretiens avec les responsables grecs pour s'informer des mesures gouvernementales prévues pour l'assainissement de l'économie après l'explosion du déficit public, estimé à 12,7% du PIB en 2009.

Après avoir rencontré Georges Zanias, président du Conseil national des experts financiers (SOE), responsable de la rédaction du programme de stabilité et de croissance, les experts européens se sont notamment entretenus jeudi avec le ministre des Finances, Georges Papaconstantinou, et la ministre de l'Économie, de la Concurrence et de la Marine marchande, Louka Katséli.

Les experts qui doivent quitter Athènes vendredi se sont aussi rendus aux ministères de l'Emploi, de la Défense et de la Santé, ainsi qu'à la banque centrale de Grèce.

M. Papaconstantinou a déclaré que le programme grec «visait à la reconstruction de l'économie nationale», et comportait «de grands changements dans les affaires financières, fiscales et dans la manière de rédiger le budget, ainsi que de grandes ruptures radicales dans l'État et le modèle de production du pays».

Mme Katséli a affirmé que le PSC est «un plan d'assainissement financier et de restructuration de l'économie nationale qui donne une poids particulier aux mesures structurelles (...) pour que le pays sorte de la crise dans trois ans».

L'arrivée des experts a été précédée mardi par la décision du gouvernement socialiste de Georges Papandréou d'accélérer ses efforts, vu les pressions de l'UE et des marchés, pour ramener son déficit dans les limites du pacte de stabilité, à moins de 3% du PIB, en 2012, un an plus tôt que prévu.

Le PSC prévoit actuellement un déficit public à 8,7% en 2010 avant une réduction de 3% en 2011 et en 2012.

Les mesures annoncées par le gouvernement en décembre lors du vote du budget de l'État de 2010, visent principalement à l'augmentation de recettes de l'État via surtout la lutte contre l'évasion fiscale, un problème endémique du pays, ainsi qu'à la réduction «drastique» des dépenses publiques.

Arrivé au pouvoir il y a juste trois mois lors des élections anticipées, convoquées par le précédent gouvernement conservateur face à la dégradation des finances publiques, M. Papandréou s'est engagé à oeuvrer pour la relance de l'économie du pays, dont la dette publique est l'une des plus grosses de la zone euro, chiffrée à 113% du PIB pour 2009.

Toutefois, la pression sur la Grèce ne cesse de se poursuivre, l'UE craignant la propagation du problème dans d'autres pays de la zone euro faisant face à des difficultés similaires.

Jürgen Stark, économiste en chef de la BCE, a indiqué mercredi que l'UE n'allait pas soutenir la Grèce car «ses problèmes étaient intérieurs et devraient faire l'objet des mesures économiques adéquates».

Jeudi, la présidence espagnole de l'UE a écarté toute idée d'un sauvetage financier par les partenaires européens de la Grèce. «Chaque pays a la responsabilité de son budget», a déclaré le secrétaire d'État aux Affaires européennes du gouvernement espagnol, Diego Lopez Garrido, affirmant que c'est à chaque pays de «gérer les risques budgétaires».