L'agence de notation Moody's a abaissé à son tour la note de la Grèce, mais sans susciter cette fois les inquiétudes provoquées par des décisions similaires prises ces dernières semaines par les deux autres agences, Standard and Poor's et Fitch.

Moody's a annoncé mardi avoir abaissé la note des obligations de l'Etat grec de A1 à A2 en raison des incertitudes entourant toujours les risques de solvabilité à long terme du pays, en dépit de l'engagement d'Athènes de prendre à bras le corps le problème de sa dette colossale.

L'agence américaine S and P's avait abaissé le 16 décembre la note de la Grèce de A- à BBB+. Fitch avait pris la même décision le 8 décembre, suscitant une forte inquiétude sur les marchés.

Mais à la différence de ses consoeurs, Moody's n'a pas rétrogradé la Grèce à la lettre B et fait preuve de mansuétude dans ses commentaires, à la satisfaction des marchés.

«Moody's pense qu'il est très peu probable que la Grèce doive faire face à des problèmes de liquidités et de refinancement à court terme (...)», indique ainsi l'agence dans un communiqué. Et surtout, elle «ne croit pas que les difficultés du gouvernement grec représentent un test vital pour l'avenir de la zone euro (...)».

Du coup, la bourse d'Athènes a manifesté son soulagement et gagnait 2,96% à 4h30. Sur le marché des bons du Trésor grec, directement concerné par la décision de Moody's, le taux des obligations sur dix ans atteignait 5,734% à la même heure, contre 5,955% la veille.

La notation financière vise à estimer le risque de défaut d'un emprunteur. Une dégradation de cette note oblige, en principe, l'emprunteur concerné à offrir des taux d'intérêt plus élevés lorsqu'il émet un nouvel emprunt. En d'autres termes, elle oblige la Grèce à payer plus cher pour financer son déficit budgétaire.

La Grèce est confrontée à l'une des pires crises financières de son histoire récente, avec une explosion du déficit et de la dette publique, estimés respectivement à 12,7% et 113% du PIB pour 2009. L'objectif de redressement budgétaire fixé pour 2010 est désormais d'une réduction de l'ordre de 4% du déficit.

L'Union européenne a fait part à plusieurs reprises de son inquiétude et appelé Athènes à prendre rapidement des mesures pour réduire les déficits publics en taillant dans les dépenses.

Le gouvernement grec a du coup multiplié les efforts pour tenter de convaincre ses partenaires européens et les marchés de sa détermination à résoudre ses problèmes financiers.

Le budget de l'Etat grec pour 2010, récemment présenté, vise à mettre de l'ordre dans «le chaos» des finances publiques du pays, a ainsi affirmé dimanche soir le ministre grec des Finances Georges Papaconstantinou. Ce dernier a également assuré que la Grèce ne ferait pas faillite et ne chercherait pas à être renflouée par d'autres membres de la zone euro.

La Banque centrale européenne (BCE) a fait savoir lundi qu'elle n'avait «aucune intention» de venir au secours de la Grèce.

Athènes soulagée

Le ministère grec des Finances s'est félicité mardi que l'agence de notation Moody's qui a abaissé la note de la Grèce l'ait fait en douceur, et ait reconnu la volonté du gouvernement à redresser les finances publiques.

Le ministère a relevé dans un communiqué que l'agence n'a rétrogradé la note grecque «que d'un cran, la maintenant en catégorie A», de A1 à A2. Moddy's «reconnait que l'application des récentes annonces du Premier ministre Georges Papandréou "pave la voie à une solution durable" des problèmes de l'économie grecque», a ajouté le ministère.

La sanction de Moody's, qui était attendue par les marchés et les gouvernements est moins sévère que celle infligée au pays les 8 et 16 décembre par Fitch et Standard and Poor, qui ont elles rétrogradé la note des obligations de l'État grec à la lettre B.

Moody's a aussi livré des commentaires apaisants, en relevant «qu'il est très peu probable que la Grèce doive faire face à des problèmes de liquidités et de refinancement à court terme (...)». L'agence précise aussi ne pas croire «que les difficultés du gouvernement grec représentent un test vital pour l'avenir de la zone euro (...)».

«Un abaissement plus sévère de la note par Moody's nous aurait mis sur le fil du rasoir en 2010», en aggravant le coût des emprunts grecs et en rendant difficile le refinancement des banques grecques auprès de la Banque centrale européenne, a commenté une source du ministère.

«Cette annonce n'entrainera toutefois aucun relachement, tout le monde attend de voir le programme national de stabilité de la Grèce, et la manière dont le budget sera mis en oeuvre, nous sommes et serons jugés sans cesse», a ajouté cette source.

Athènes doit détailler dans le programme qu'elle soumettra en janvier à Bruxelles le plan de redressement dont M. Papandréou a tracé les grandes lignes la semaine dernière.