L'impact potentiel de la crise liée au moratoire sur la dette du conglomérat Dubaï World devrait être limité sur les banques américaines, moins exposées que les banques européennes, pronostiquent les observateurs.

«Dubaï est un cas classique de bulle immobilière reposant sur trop d'endettement. Nous prévoyons un impact minimal sur les banques basées aux États-Unis», a déclaré à l'AFP Scott Talbot, porte-parole du Financial Services Roundtable, fédération incluant les plus grandes banques américaines.

L'émirat de Dubaï a annoncé mercredi son intention de demander aux créanciers du conglomérat Dubaï World, qui contrôle notamment le géant immobilier Nakheel, de surseoir de six mois au paiement de 3,5 milliards de dette arrivée à maturité.

«L'exposition des banques américaines aux Émirats arabes unis», dont fait partie l'émirat de Dubaï, «est tout à fait gérable», analyse de son côté l'agence de notation CreditSight dans une étude publiée lundi.

Elle atteignait «9,9 milliards de dollars fin 2008», dont le gros revenant à Citigroup (5,9 milliards de dollars) et JPMorgan Chase (2,5 milliards environ)», ajoute CreditSight, qui s'appuie sur les chiffres de l'association bancaire des Émirats et de la Banque des règlements internationaux (BRI), ainsi que sur les comptes publiés par les banques américaines.

Selon une note de l'agence de notation financière Moody's, également publiée lundi, «quelques banques américaines ont des relations d'affaires fortes avec des firmes de Dubaï et des autres émirats, (mais) elles n'ont pas encore dévoilé leurs estimations de leurs expositions».

Certaines banques britanniques sont par ailleurs «connues pour être des prêteuses actives au Moyen-Orient, y compris Dubaï», remarque Moody's, qui juge toutefois «qu'aucune grande banque britannique ou internationale n'a d'exposition suffisante à Dubaï World pour voir ses notes de dette affectées».

«Parmi les grandes banques américaines, seule Citigroup a une forte présence aux Émirats, et d'après l'associations des banques émiraties (EBA) elle est la quatrième banque étrangère des Émirats», précise CreditSight.

Interrogé par l'AFP, Citigroup a décliné tout commentaire.

Bank of America revendique pour sa part une exposition de 664 millions de dollars au 30 septembre, dans ses derniers comptes trimestriels.

Certaines banques européennes risquent en revanche «de se retrouver sous pression», a averti le porte-parole du Financial Services Rountable.

«Il y a une forte disparité entre les banques américaines, qui ont prêté moins de 10 milliards de dollars» à l'ensemble des sept Émirats arabes unis, dont Dubaï et Abou Dhabi, «et les banques européennes, qui ont prêté près de neuf fois plus», renchérit CreditSight.

Les banques britanniques sont en effet de loin les plus exposées avec 49,5 milliards de dollars d'actifs ou créances dans les Émirats, suivi par la France avec 11,3 milliards et l'Allemagne (10,2 milliards).

Moody's estime cependant que l'exposition potentielle de la banque britannique Standard Chartered, l'une des plus actives dans la région, «semble bien contenue».

«Pour l'instant, la seule conséquence des événements de la semaine dernière sera un changement dans la perception des risques associés aux Émirats arabes unis et une réévaluation des opportunités d'investissement dans la région, qui pourrait se traduire par une hausse des coûts d'emprunt» pour les investisseurs, conclut-elle.