Une centaine de pays en développement ont réclamé dimanche une conclusion rapide du cycle de Doha paralysé par le manque d'engagement des États-Unis, qu'ils ne nomment qu'en coulisse, et sur lesquels ils comptent faire pression durant la réunion ministérielle de l'OMC lundi.

«Les ministres du G20 (au sein de l'Organisation mondiale du commerce) appellent à des actions urgentes pour le cycle de Doha» de libéralisation des échanges, explique le groupe comprenant le Brésil, la Chine et l'Inde dans une déclaration commune avec l'ensemble des pays en développement et émergents de l'OMC tel que les ACP (Afrique, Caraïbes et Pacifique), le groupe Afrique ou encore les pays pays les moins développés (PMA).

Ces pays ont souligné l'importance pour leurs économies de l'aboutissement du cycle destiné à ouvrir les barrières commerciales pour des milliers de produits et qui doit réduire considérablement les subventions agricoles des États-Unis et de l'Union européenne.

Mais aujourd'hui, «il y a un pays en particulier qui fait qu'on n'avance pas», a reconnu à l'AFP le ministre brésilien des Affaires étrangères Celso Amorim sans vouloir le nommer.

Sous couvert d'anonymat, un diplomate latino-américain se veut plus direct: «il manque clairement une position plus explicite d'un des membres le plus important de la négociation. On parle bien sûr des Etats Unis».

Ce manque d'engagement a fait que ces derniers mois «on a eu des rencontres mais pas vraiment de négociations», ajoute-t-il regrettant que l'absence d'implication américaine «sert d'abris à d'autres pays».

«La ministérielle doit permettre de faire pression» sur l'administration du président Barack Obama confrontée à un Congrès à majorité républicaine notoirement hostile au multilatéralisme commercial, explique ce diplomate.

«Il faut les aider à catalyser un processus interne», insiste-t-il faisant valoir que les pressions extérieures ont fonctionné dans certains cas comme sur le dossier du climat.

Un engagement plus ferme de Washington dans la négociation commerciale est une des attentes principales de la septième conférence ministérielle de l'OMC qui s'ouvre lundi à Genève en présence de plus d'une centaine de ministres parmi les 153 membres du gendarme du commerce mondial.

Alors que la réunion n'est pas destinée à négocier le laborieux cycle engagé en 2001 dans la capitale du Qatar, les pays en développement comptent bien rappeler l'importance de le conclure en 2010 comme promis ces derniers mois par les principales économies de la planète.

Avec la crise, la question est devenue encore plus urgente rendant «le coût d'un retard (de Doha) très élevé pour les pays en développement», a souligné lors d'une conférence de presse, la ministre indonésienne du Commerce, Mari Pangestu qui dirige le G33 (pays en développement réclamant le droit de maintenir des protections face aux importations).

«Nous devons utiliser l'opportunité d'une légère reprise pour avancer les négociations», a insisté M. Amorim.

Les pays en développement ont ainsi estimé qu'il faudrait organiser «début 2010» une rencontre mutilatérale destinée à «évaluer les progrès accomplis et identifier les obstacles qui restent», souligne encore leur déclaration.