Les 186 États membres du Fonds monétaire international (FMI) ont consacré dimanche à Istanbul le nouveau rôle de l'institution multilatérale qui en a profité pour demander davantage de ressources.

«Le mandat du Fonds a été défini il y a 65 ans», a rappelé son directeur général Dominique Strauss-Kahn au cours d'une conférence de presse. «Manifestement il nous faut en faire plus», a-t-il ajouté. Le Comité monétaire et financier international (CMFI), qui réunissait les ministres des Finances des 186 pays, a formellement donné son accord à une nouvelle mission qui place le FMI au coeur de la surveillance de l'économie mondiale et de ses déséquilibres.

«Nous appelons le Fonds à revoir son mandat pour couvrir toute l'étendue des politiques macro-économiques et des politiques pour le secteur financier, qui ont trait à la stabilité mondiale», dit dans sa déclaration commune le CMFI, l'organe chargé de définir les grandes orientations du FMI.

«La façon dont cela se dessine, même si c'est très bref dans le communiqué, est très large pour inclure toutes les questions macrofinancières, prudentielles, et toute une étendue de questions concernant la stabilité économique et financière», a expliqué M. Strauss-Kahn.

Cette décision découle directement des recommandations du groupe des pays riches et émergents (G20), qui s'étaient réunis une dizaine de jours plus tôt à Pittsburgh (États-Unis).

Non seulement le FMI a pour ambition de surveiller les déséquilibres, mais il souhaite aussi les combler.

M. Strauss-Kahn a rappelé qu'il voyait le Fonds comme une «mise en commun de ressources», qui inciterait les États à accumuler moins de réserves en devises et à faire confiance à la capacité de prêt du FMI en cas de crise.

«Si nous voulons éviter que les pays, y compris la Chine, bâtissent de telles réserves, contribuant aux déséquilibres, il faut que nous trouvions un autre système», a expliqué le dirigeant du Fonds. Il a reconnu que l'idée était «plus simple à exprimer qu'à mettre en oeuvre» et que sa mise en oeuvre prendrait du temps.

Surtout, interrogé sur le montant forcément colossal qu'il faudrait pour rassurer les États membres, M. Strauss-Kahn a appelé à étoffer de nouveau les finances du Fonds.

«Cela impliquera une augmentation considérable de ses ressources», a-t-il estimé.

Le FMI avait annoncé le 5 septembre avoir réuni 500 milliards de dollars de ressources supplémentaires promises au sommet du G20 à Londres en avril, sous forme de prêts par les États ou d'achats d'obligations émises par le Fonds.

«Si on a une mise en commun de réserves, cela signifie que l'on a les réserves quand il le faut. C'est la même chose que quand on a une assurance, on s'attend à ce que son assureur rembourse au moment où on en a besoin», a détaillé M. Strauss-Kahn.

Cet appel à une nouvelle augmentation des ressources du FMI intervient à un moment où beaucoup d'États ont des difficultés budgétaires après avoir mis en place des plans de relance sans précédent face à la crise.

Les 186 pays réunis à Istanbul se sont pourtant engagés dimanche «à maintenir leurs politiques de soutien budgétaire, monétaire et au secteur financier tant qu'une reprise durable ne sera pas garantie».

Par ailleurs, le CMFI a repris d'autres engagements du G20, comme celui de réformer la régulation financière, de rééquilibrer la croissance mondiale, ou de concevoir des «stratégies crédibles et coordonnées de sortie» de leurs plans de soutien.

Après avoir débattu de la réforme des quote-parts au sein du FMI, le Comité a soutenu l'engagement, également pris à Pittsburgh, de transférer «au moins 5%» des droits de vote des pays jusqu'ici «sur-représentés» vers «les économies dynamiques émergentes et en développement».