Malgré l'apaisement des derniers jours, il est fort possible que les producteurs de lait remontent rapidement au créneau.

«Nous allons maintenant discuter avec les politiques. J'espère que nous ne serons pas obligés de recommencer des actions aussi déchirantes que celles de jeter du lait», a prévenu jeudi Pascal Mussol, président de l'Association des producteurs de lait indépendants (APLI), une des organisations françaises à l'origine du mouvement de grève en France.

La Confédération européenne des producteurs laitiers (EMB), qui coordonne le mouvement à l'échelle du continent, a indiqué qu'elle «suspendait» ses actions en attendant de voir ce qui ressortira de la réunion extraordinaire des ministres de l'Agriculture européens, le 5 octobre prochain.

Maintenir les quotas ou pas?

Or, il est loin d'être acquis que les producteurs obtiendront à cette date les engagements qu'ils jugent nécessaires pour assurer leur survie économique.

Leurs ténors sont en effet d'avis qu'il faut maintenir le système de quotas qui est en place et le renforcer plutôt que de continuer à le démanteler progressivement.

André Bouchut, secrétaire national de la Confédération paysanne, autre organisation agricole française qui a soutenu la grève, répète que leur abolition est une «grossière erreur». «C'est un bon outil, mais qui a été mal utilisé», déclare-t-il.

La commissaire européenne à l'Agriculture, Mariann Fischer Boel, qui est honnie par les producteurs, maintient pour sa part que les quotas disparaîtront pour de bon, réunion extraordinaire ou pas.

«C'est un sujet encore brûlant, mais soyons clair: le système des quotas disparaîtra en 2015 parce qu'il n'est pas l'ami que l'on prétend. Les quotas sont depuis longtemps incapables d'assurer la stabilité des prix. Ils retardent l'adaptation à la concurrence...» a indiqué au quotidien Le Figaro la commissaire d'origine danoise, qui mise plutôt sur la conclusion de contrats entre les producteurs et les industriels du secteur de la transformation pour assurer la stabilisation des revenus.

Le directeur général de l'agriculture et du développement rural de la commission, Jean-Luc Demarty, assure que le gros de la crise actuelle vient d'une baisse conjoncturelle de la demande mondiale et qu'il n'y a donc pas lieu de revenir sur la levée progressive des quotas.

Le ministre français de l'Agriculture, Bruno LeMaire, en porte-à-faux entre la Commission européenne et les producteurs de lait, estime que la voie est «libre pour une régulation européenne du lait», mais il prévient du même souffle qu'il ne croit pas à la possibilité de revenir en arrière sur la question des quotas.

«Il n'y a pas de solution miracle. Il ne faut pas croire et il ne faut pas laisser croire qu'une mesure réglera tous les problèmes du secteur laitier en France et en Europe», a-t-il prévenu jeudi, tentant, à l'avance, de désamorcer une nouvelle vague de protestations.