Robert Louis-Dreyfus, décédé samedi, avait bâti sa notoriété en redressant de façon spectaculaire l'équipementier sportif Adidas, racheté à Bernard Tapie en 1993.

Français naturalisé suisse en 1995, Robert Louis-Dreyfus avait été élu manager de l'année en Allemagne en 1997 pour avoir remis sur pied de façon «impressionnante» l'entreprise fondée par l'inventeur de la chaussure de foot à crampons, Adolf Dassler -le nom Adidas provient de son surnom, Adi, et de la première syllabe du nom de famille.

«Il a insufflé une nouvelle vie à une firme fatiguée, grâce à la compréhension analytique du Français, le goût du risque des affaires de l'Anglo-saxon et la vision stratégique à long terme du citoyen du monde», avait remarqué alors le jury du mensuel économique allemand Manager Magazin, recruté dans le gratin des milieux d'affaires allemands, qui lui avait décerné cette distinction.

Quand le 7 avril 1993, M. Louis-Dreyfus avait pris les rênes de la célèbre marque aux trois bandes, l'entreprise, qui s'était fait dépasser par ses concurrents américains Reebok et Nike, traversait une mauvaise passe, enregistrant en 1992 une baisse de 18% du chiffre d'affaires et une perte record de 148 millions de marks.

Mais dès 1994, le groupe d'Herzogenaurach, bourgade située en Franconie -nord de la Bavière-, près de Nuremberg, gagnait de l'argent et l'année suivante, elle entrait en Bourse à Paris et Francfort.

Entre 1993 et 1997, les ventes sont multipliées par 2,5. Adidas annonce un bénéfice net de 465 millions de marks en 1997. Dans la foulée, la firme rachète pour 8 milliards de francs le groupe savoyard Salomon, lui permettant d'étendre sa gamme de produits à des domaines encore inconnus, comme le ski, le golf et le vélo.

Mais, à partir du second semestre 1998, les difficultés s'accumulent, l'intégration de Salomon, plus dure que prévu, pesant sur les comptes. Même si Adidas a supplanté Reebok au rang de second équipementier mondial, ses bénéfices baissent.

C'est toutefois à cette période qu'Adidas remporte une victoire sportive de taille sur son rival Nike, le numéro un: le 12 juillet 1998, l'équipe de France, habillée par la marque aux trois bandes, remporte la Coupe du monde de football sur le Brésil, équipé par l'américain.

Adidas a également sous la houlette de M. Louis-Dreyfus recentré sa politique de sponsoring sur l'élite, signant notamment un accord avec la très renommée équipe de rugby néo-zélandaise des All Blacks.

Quand il quitte le groupe le 8 mars 2001, Adidas, toujours derrière Nike, a lancé un vaste plan de restructuration. M. Louis-Dreyfus laisse sa place à l'Allemand Herbert Hainer, qui réussira en 2006 à racheter Reebok.