Le directeur général du Fonds monétaire international, Dominique Strauss-Kahn, a exprimé mercredi sa crainte que l'assainissement du secteur financier «n'aille pas assez vite» et retarde la reprise de l'économie mondiale.

«Nous continuons de penser que la reprise devrait se faire au premier semestre 2010, à condition que toutes les bonnes politiques soient mises en oeuvre», a déclaré M. Strauss-Kahn à l'issue d'une audition à huis clos devant les commissions des Finances et des Affaires étrangères de l'Assemblée nationale française.

«La crainte que j'ai, c'est qu'on n'aille pas assez vite dans l'assainissement du secteur financier», a-t-il ajouté à une semaine du sommet du G20 qui se réunira à Londres, le 2 avril.

«Or une économie, les économies aujourd'hui ont besoin que le crédit circule à nouveau, que les entreprises soient à nouveau financées, que les particuliers puissent à nouveau acheter des logements, et là les procédures d'assainissement du système financier sont encore un peu lentes». Selon lui, cet assainissement trop lent «fait que la reprise n'est pas certaine en 2010».

«On ne peut pas avoir des économies, surtout dans les pays développés, qui fonctionnent sans avoir un système financier qui distribue du crédit. Or, aujourd'hui, tout cela est gelé. Vous rencontrez des entrepreneurs, des particuliers qui disent qu'ils ne peuvent pas trouver d'argent. L'économie ne peut pas fonctionner s'il n'y a pas cette irrigation par le crédit, et pour cela, il faut assainir le secteur financier», a-t-il souligné.

Le directeur général du FMI a jugé «satisfaisants» les efforts des Etats en matière de relance économique. «Evidemment on peut toujours espérer plus», a-t-il lancé. L'ancien ministre socialiste de l'Economie s'est refusé à tout commentaire sur le plan français.

Interrogé sur la hausse de 3,5 pour cent du chômage en France en février, M. Strauss-Kahn a fait le parallèle avec les «millions de chômeurs» supplémentaires dans les pays développés et les «50 millions» sur l'ensemble de la planète. «Ce sont les conséquences d'une crise sans précèdent, la plus grave qu'on connaît depuis 60 ans et pour laquelle il faut véritablement les mesures aussi importantes, directes que ce que le FMI demande», a-t-il dit.

«Mais cela ne permet pas d'éviter la crise. Quand on est malade, on prend des médicaments pour se soigner, mais cela ne veut pas dire qu'on va être soigné du jour au lendemain. Il y a encore des jours de convalescence, et dans cette période-là ça va être difficile pour les hommes et les femmes qui risquent de perdre leur emploi, ça va être difficile en terme de pouvoir d'achat», a-t-il prédit.

«Cela va être encore plus difficile dans les pays émergents et les pays pauvres, je pense à l'Afrique, où ce ne sont pas simplement des problèmes de pouvoir d'achat et de chômage qui sont en cause, ce sont des problèmes de vies humaines, de survie», a-t-il dit.