Bonne nouvelle pour les uns, mauvaise pour les autres... Après une année 2018 « exceptionnelle » pour la revente de maisons avec des prix en hausse de 5,2 % au Québec, la prochaine décennie sera plutôt marquée par des reculs. L'Université Laval et Desjardins prévoient que le prix moyen des résidences « devrait fléchir de 3 % en l'espace d'une dizaine d'années ».

Que vous soyez dans le camp de ceux qui comptent acheter une maison ou dans celui de ceux qui s'apprêtent à vendre, sachez que la démographie du Québec affectera négativement les prix. Et ce, dans toutes les régions.

Le creux ne sera pas atteint partout au même moment. Mais en moyenne, ce sera 2024-2025. Et par la suite, la remontée sera lente.

En 2032, le prix des maisons ne sera même pas encore revenu à son niveau de 2017. Il sera encore en dessous de 2 %, affirment les auteurs de l'étude dévoilée hier. Autrement dit, une maison qui valait 1 million en 2017 vaudra environ 980 000 $ dans 13 ans.

L'étude du département d'économique de l'Université Laval et de Desjardins Études économiques sur l'impact de la démographie sur le prix de l'immobilier ne fait pas de prédictions passé 2032.

Montréal se démarque

La situation de recul sera nettement moindre dans l'île de Montréal qu'ailleurs dans la province. Dans le creux, attendu en 2021, la baisse moyenne des prix n'atteindra pas 1 %.

« Plusieurs facteurs expliquent cette distinction », écrit l'économiste Hélène Bégin, de Desjardins : l'augmentation de la population y est plus rapide que dans les autres régions, la migration nette y est positive et le vieillissement de la population y est moins important qu'ailleurs dans la province.

Aussi minime soit-elle, la baisse ne sera effacée qu'en 2030 dans l'île.

Les baisses de prix seront très importantes dans les couronnes de Montréal, et la remontée ne sera pas très rapide si l'on se fie à l'étude.

« Lanaudière et la Montérégie rattraperont tout le terrain perdu d'ici une quinzaine d'années. Les régions de Laval et des Laurentides ne connaîtront qu'une légère remontrée dans environ 10 ans. »

Hausse rapide et forte à Québec

La région de la Capitale-Nationale fait aussi bande à part, note Mme Bégin, dans un entretien. « Depuis quelques années, il y a une stabilité des prix. Alors c'est comme si la période plus difficile avait été vécue plus tôt qu'ailleurs. »

Résultat, cette région est celle qui renouera le plus rapidement avec une tendance haussière. Dès 2024, les prix seront revenus à ceux de 2017. Et en 2032, ils les dépasseront de 5 %.

2018 « très favorable »

En 2018, la « conjoncture économique », notamment un bas taux de chômage, a permis au marché de la revente d'être « exceptionnel », rappelle Desjardins.

Les hausses de prix - en termes nominaux - les plus soutenues ont été observées en Abitibi-Témiscamingue (5,6 %), en Montérégie (5,2 %), à Montréal (presque 5 %) et dans le Centre-du-Québec (4,8 %).

Les régions de Chaudière-Appalaches (+ 1,5 %), de la Gaspésie-Îles-de-la-Madeleine (+ 1,2 %) et du Bas-Saint-Laurent (+ 0,4 %) arrivent en queue de peloton.

Même si on retranche l'inflation annuelle de 1,7 %, les prix moyens ont augmenté de plus de 3 % en termes réels, précise Mme Bégin.