Le patron de l'agence fédérale du logement croit que les autorités réglementaires devraient envisager de soulever le plafond de la mise de fonds minimale exigée lors de l'achat d'une habitation pour favoriser l'abordabilité et réduire le risque au système financier.

«Les politiques sont tentés d'aider les accédants à la propriété à faire leur entrée sur le marché, mais il se pourrait que les faibles mises de fonds contribuent au problème en exerçant des pressions supplémentaires sur l'abordabilité et les vulnérabilités macroéconomiques», a affirmé le président et chef de la direction de la Société canadienne d'hypothèques et de logement (SCHL), Evan Siddall.

Dans le texte d'un discours prononcé vendredi devant la Banque d'Angleterre, à Londres, M. Siddall a fait valoir que la faiblesse des mises de fonds alimentait la demande et entraînait une hausse des prix des logements.

M. Siddall juge que cela finit par nuire aux mêmes premiers acheteurs que le gouvernement veut aider.

Par ailleurs, a-t-il poursuivi, une augmentation de la mise de fonds minimale pourrait aider à contrebalancer l'effet des très faibles taux d'intérêt. Ces derniers ont encouragé certains emprunteurs à contracter une dette hypothécaire excessive.

Le gouvernement fédéral a introduit une série de mesures pour tenter de réduire le risque sur le marché immobilier.

Plus récemment, le ministre des Finances, Bill Morneau, a annoncé que des simulations de crise seraient imposées pour toutes les hypothèques assurées, afin d'éviter que des acheteurs ne contractent une dette qu'ils ne pourront ensuite rembourser si les taux d'intérêt montent ou si leurs revenus diminuent.

En outre, Ottawa a haussé l'an dernier la mise de fonds minimale pour la portion du prix des maisons qui excède 500 000 $, la faisant passer à 10 %.

«Nous prévoyons que ces changements apportés à la politique macroprudentielle modéreront la demande de logements sur les marchés canadiens, ce qui limitera les hausses de prix et rendra les maisons plus abordables», a affirmé M. Siddall.

Les autorités réglementaires devraient aussi étudier la possibilité d'imposer une limite au ratio prêt-revenu, qui restreindrait la taille des prêts offerts aux emprunteurs en fonction de leurs revenus.

Un certain nombre de juridictions, notamment le Royaume-Uni et l'Irlande, ont déjà mis en place un tel ratio.

M. Siddall s'en est aussi pris aux critiques du partage des risques avec les prêteurs, une proposition de politique qui limiterait l'exposition des contribuables au marché hypothécaire en transférant aux banques une plus grande partie du risque.

Le ministère des Finances a récemment lancé une consultation publique sur cette proposition, qui verrait les banques débourser une franchise sur l'assurance hypothécaire garantie par le gouvernement.

«Les critiques qualifient la proposition de »solution en quête d'un problème«. Ils invoquent les faibles taux de prêts en souffrance au Canada et notre tenue au cours de la dernière crise financière comme preuve que cette proposition relève d'un excès de zèle dans l'élaboration de politiques», a affirmé M. Siddall.

«Ils ne mentionnent pas que le système canadien n'a pas été mis sous pression depuis la Grande Dépression. De plus, ils choisissent d'ignorer l'appui solide du milieu universitaire, qui met fortement en garde contre la mixture toxique formée par les prix élevés des habitations et un cycle du crédit avancé.»