Malgré les grues qui s'activent comme jamais autour du Centre Bell, certains promoteurs connaissent des jours difficiles. Un projet de condos a été annulé discrètement moins de deux mois après son lancement, tant l'intérêt des acheteurs était faible.

Le projet Ogilvy Warehouse prévoyait la reconversion d'un ancien entrepôt en 54 copropriétés haut de gamme, tout près de la gare Lucien-Lallier. Le bureau des ventes a ouvert ses portes à la fin d'octobre, mais il a seulement réussi à attirer une poignée de clients, reconnaît Benjamin Thibault, coprésident du promoteur Développements Hip.

«Quand je vous dis qu'il n'y avait pas de demande, c'est vrai, a-t-il indiqué vendredi à La Presse Affaires. Si on avait trois personnes au bureau des ventes pendant une fin de semaine, c'est beau.»

Les promoteurs n'ont vendu aucun condo pendant leurs deux premiers mois d'activité. Ils ont fermé le bureau des ventes pour les vacances de Noël, pour finalement ne jamais le rouvrir.

Plusieurs analystes craignent une surconstruction de copropriétés au centre-ville de Montréal, où le nombre d'appartements neufs invendus affiche une hausse marquée depuis quelques trimestres. Au moins cinq tours de 38 à 50 étages sont en construction autour du Centre Bell, et plusieurs autres sont sur les tables à dessin.

Ces nouveaux gratte-ciel ajouteront plus de 2000 condos et des centaines de milliers de pieds carrés de nouveaux bureaux dans ce secteur, en proie à une véritable frénésie immobilière.

L'ancien entrepôt des magasins Ogilvy - où devait être construit le projet de Développements Hip - est situé dans la rue Argyle, entre des voies ferrées et l'îlot Overdale. Ce terrain accueille depuis quelques mois deux imposants chantiers de construction, qui s'ajoutent à ceux déjà en branle devant le Centre Bell. On y trouve le YUL, un complexe de 900 condos financé en partie par des intérêts chinois, et une tour de 40 étages qui comprendra un hôtel Holiday Inn et des appartements locatifs.

Selon Benjamin Thibault, le projet Ogilvy Warehouse aurait peut-être pu profiter de ces projets comme locomotives. «On était un an trop tôt sur le développement du quartier.»

Le promoteur ne jette pas l'éponge pour autant. Lui et son associé caressent un projet de bureaux dans l'ancien entrepôt Ogilvy. «On a vu qu'il y avait de la demande pour des bureaux, on est en demande de changement de zonage conditionnel.»