Pour la première fois en six ans et demi, le prix des maisons grimpe plus vite aux États-Unis qu'au Canada, une tendance qui s'accélérera encore davantage au fil des prochains mois.

L'indice Teranet-Banque Nationale - considéré comme une référence pour mesurer la valeur des propriétés - a enregistré sa plus faible progression annuelle depuis trois ans au Canada ("3,1% en décembre). Et sur une base mensuelle, il a affiché son quatrième repli consécutif entre novembre et décembre (-0,4%).

Le portrait est tout autre aux États-Unis. Le marché immobilier se remet finalement - et avec aplomb - de l'éclatement de la bulle américaine de 2007. Des statistiques dévoilées cette semaine indiquent que le prix médian a augmenté de 11,5% au cours de la dernière année, à 180 800$US. Il s'agit du plus fort gain depuis novembre 2005.

«C'est tout un changement de perspective, quand on voit ça», a commenté hier Marc Pinsonneault, économiste principal à la Banque Nationale, en entrevue à La Presse Affaires.

M. Pinsonneault est assez pessimiste quant à la trajectoire du marché canadien. Il s'attend à un recul global des prix de 5 à 7% d'ici la fin de 2013. Le marché de Montréal devrait subir une baisse de cet ordre, croit-il, tandis que d'autres villes surévaluées comme Vancouver risquent de pâtir davantage.

Distorsion

Les changements hypothécaires imposés par Ottawa l'été dernier ont créé une forme de distorsion dans le marché immobilier canadien. La disparition des hypothèques étalées sur 30 ans a surtout touché le marché des propriétés les moins chères, prisées par les premiers acheteurs.

À Montréal, par exemple, les ventes de condos de moins de 275 000$ ont baissé de 22%, tandis que celles des copropriétés plus chères ont seulement fléchi de 9%. Cette situation - qui se répète dans plusieurs grandes villes canadiennes - a poussé le prix médian vers le haut, créant l'impression erronée d'une hausse «miraculeuse», note Ben Rabidoux, analyste à la firme torontoise M Hanson Advisors.

L'indice Teranet-Banque Nationale, qui se base sur les transactions répétées, est considéré comme plus représentatif de la réalité que les prix médians ou moyens. Sur une base mensuelle, les marchés de Montréal et Ottawa-Gatineau ont enregistré leur quatrième baisse mensuelle (-0,3% et -0,1%), tandis que Toronto (-0,3%), Winnipeg (-0,7%) et Halifax (-0,7%) ont décliné pour le troisième mois consécutif. Vancouver a reculé de 1%, son cinquième repli en six mois.