Longtemps boudé par les promoteurs immobiliers, le secteur de la «Cité du commerce électronique» au centre-ville de Montréal pourrait bénéficier bientôt d'un nouveau souffle si la ville parvient à se départir de propriétés-clés qu'elle détient dans les environs.

La Société d'habitation et de développement de Montréal (SHDM) met en vente par appel d'offres public deux immeubles faisant jadis partie de la Cité du commerce électronique, un projet immobilier qui demeure inachevé depuis des années sur le boulevard René-Lévesque, près du Centre Bell.

Il s'agit d'immeubles situés au 977, rue Lucien-L'Allier et au 1000-1006, rue de la Montagne. L'ouverture des soumissions est prévue le lundi 15 octobre 2012.

Ces immeubles sous-exploités font partie du quadrilatère, au sud du boulevard René-Lévesque, où devait s'élever une Cité du commerce électronique comptant neuf bâtiments, d'une valeur de 700 millions, et regroupant 20 000 travailleurs.

Qualifiée de «Baie-James de Montréal» par l'ancien maire Pierre Bourque et de «l'un des plus importants projets de toute l'histoire économique du Québec» par le président du Mouvement Desjardins d'alors, Alban D'Amours, le projet avait soulevé la colère des autres propriétaires d'immeubles commerciaux au centre-ville qui y dénonçaient la concurrence déloyale. La cible de leurs doléances: les premiers occupants de la Cité du commerce électronique profitaient d'un crédit d'impôt couvrant 35% des salaires, jusqu'à 12 500$ par employé par année, pendant une période maximale de 10 ans.

À peine un an après son lancement en mai 2000, le projet a été revu à la baisse et le crédit d'impôt a été offert à l'ensemble des locataires admissibles du centre-ville. Puis, en juin 2003, le premier budget du gouvernement libéral de Jean Charest sonnait le glas de la Cité, d'autant qu'il s'agissait d'un projet mis sur pied par un gouvernement péquiste.

Douze ans après son lancement, seule la partie nord du quadrilatère a été construite avec deux tours de 27 et de 17 étages, respectivement. La société d'informatique CGI, dans la première tour, et les firmes IBM et Computer Sciences Corporation, dans la seconde, y ont déménagé leurs employés qui étaient auparavant situés ailleurs en ville.

En 2003, une étude préparée par les fonctionnaires des Finances révélait que les crédits d'impôt destinés aux emplois de la nouvelle économie avaient subventionné 12 000 emplois existants et seulement 5000 nouveaux emplois.

Plusieurs défis à relever

Quel qu'il soit, le nouveau propriétaire des immeubles mis en vente par la Ville de Montréal aura plusieurs défis à relever, selon Pierre Laliberté, conseiller en chef de l'équipe Terrian, patrimoine et développement du Groupe Altus.

«Il faut conserver les façades, décontaminer le terrain, intégrer la bouche de métro, et les rails des trains de banlieue. C'est un site complexe avec plusieurs coûts extraordinaires», dit-il.

Selon lui, le site est plus propice à la construction de bureaux que de logements. Il ne voit pas de mise en valeur avant cinq à sept ans, considérant que la plupart des promoteurs ont déjà les mains pleines dans ce secteur du flanc ouest du centre-ville.

Cette mise en vente des propriétés clés par la SHDM survient à un moment où les annonces de projets se multiplient dans le voisinage.

Cadillac Fairview prévoit construire la tour de condos des Canadiens de 48 étages et une tour de bureaux de 26 étages pour les comptables Deloitte.

À moyen terme, plus de 1000 appartements sont prévus dans les environs immédiats du Centre Bell, ce qui alimente certaines craintes d'une offre excédentaire.