Les risques de détérioration du marché de l'habitation au Canada sont de plus en plus nombreux, selon un rapport spécial sur le marché canadien de l'habitation publié mercredi par la Banque Scotia, qui avertit notamment d'un recul dans le prix des maisons, d'une offre excédentaire et des conséquences de l'endettement des ménages.

Le document indique que les prix records, combinés au resserrement de plus en plus marqué de la réglementation, ont pour effet de réduire l'accessibilité économique et le dynamisme du marché de l'habitation et ce, même si les coûts d'emprunt se situent à un creux historique.

Il ajoute que la décennie de boom immobilier a fini par épuiser la demande comprimée et que le taux canadien d'accession à la propriété a atteint des niveaux records, soulignant au passage que les perspectives mondiales se sont beaucoup assombries.

Conséquemment, dit Adrienne Warren, économiste principale à la Banque Scotia, les prix moyens des maisons au Canada reculeront cumulativement de 10% au cours des deux ou trois prochaines années.

Mme Warren soutient également que la demande de logements diminuera et que les conditions du marché favoriseront les acheteurs pour la première fois en plus de dix ans, une correction qui se fera surtout sentir sur les marchés de Toronto et de Vancouver, où les risques liés à l'offre et les tensions s'exerçant sur l'accessibilité économique pourraient être à l'origine d'importants ajustements de prix.

Le rapport qualifie la situation financière des ménages canadiens de «relativement bonne», car la part de l'habitation dans l'avoir net des propriétaires se situe en moyenne à 67%, comparativement à 41% aux États-Unis.

Il prévient cependant que le taux d'endettement élevé des particuliers et la prédominance des actifs immobiliers dans le patrimoine rendent les Canadiens vulnérables à un choc négatif, notamment à une hausse considérable du chômage ou à une chute du prix des maisons.

On peut également lire dans le document que l'offre risque d'être excédentaire sur certains segments de marché, notamment celui des appartements en copropriété, en pleine croissance dans plusieurs des grands centres canadiens, surtout à Toronto et à Vancouver.

Les projets actuels d'immeubles de grande hauteur sont soutenus par la vigueur de la demande, mais l'intensité actuelle de l'activité liée à la construction d'appartements en copropriété, combinée au nombre élevé d'unités invendues en perspective, accroît le risque qu'un ralentissement de la demande provoque une correction très importante des prix, estime-t-on dans le document.

Mme Warren rappelle par ailleurs que le marché canadien de l'habitation devrait éviter l'important repli observé aux États-Unis et en Europe.

Elle ajoute cependant que les risques d'une baisse majeure de l'activité domiciliaire au pays sont «de plus en plus nombreux» et précise que les effets de ce ralentissement pourraient ne pas se faire sentir avant 2015.