Un bond de 17% à Winnipeg. Un plongeon de 10% à Vancouver. Une relative stabilité à Montréal. Les prix de l'immobilier ont affiché des variations étourdissantes en avril au Canada, avec une seule constante: ils demeurent dans l'ensemble à un niveau jamais vu.

Selon les données publiées hier par l'Association canadienne de l'immeuble (ACI), la valeur de revente moyenne des propriétés s'est élevée à 375 810$ en avril, en hausse de 0,9% sur un an. En excluant Vancouver des calculs, le gain aurait été de 4,9%.

La métropole de la Colombie-Britannique, où le prix moyen demeure le plus élevé du pays à 735 315$, est «clairement à la baisse», a observé Robert Kavcic, économiste chez BMO Marchés des capitaux. Le marché a même basculé du côté des vendeurs, dit-il. «Les ventes ont régressé de 13,2% par rapport à l'année dernière, et elles se situent à près de 19% sous la moyenne de la dernière décennie.»

La vente de plusieurs manoirs de luxe à Vancouver avait gonflé le prix moyen au printemps 2011, indique l'ACI. Ce segment de marché a faibli cette année, ce qui explique en partie le recul observé en avril dans cette ville - et la plus faible progression des prix à l'échelle nationale.

Craintes à Toronto et Calgary

Le marché de Toronto continue d'attiser les inquiétudes d'une surchauffe. La valeur de revente moyenne y a grimpé de 8,4% en avril, à 517 556$, tandis que le nombre de transactions y a bondi de 14,5% sur un an.

Calgary, qui avait connu un repli marqué pendant la récession, recommence elle aussi à lever des drapeaux rouges. Les prix y ont progressé d'à peine 0,7% depuis un an, à 414 932$, mais les ventes ont explosé de 30%.

«Si les prix du pétrole demeurent suffisamment élevés pour soutenir une croissance économique solide et les flux migratoires, Calgary pourrait redevenir le point chaud de l'immobilier au Canada», a observé Robert Kavcic dans son rapport.

Montréal a quant à lui vu ses prix progresser de façon plus modérée. La valeur de revente moyenne y a grimpé de 3,5% en avril, à 323 382$, tandis que le nombre de transactions a avancé de 16,1% sur un an.

À l'échelle canadienne, le nombre de reventes a augmenté de 11,5%. L'ACI rappelle toutefois qu'elles avaient baissé en avril 2011, à la suite de l'entrée en vigueur de mesures plus strictes sur le financement hypothécaire, ce qui explique cette forte remontée. Sur un mois, entre mars et avril, la hausse des ventes atteint 0,8% au pays.

«En l'absence d'un choc économique externe, la demande canadienne pour l'habitation devrait demeurer soutenue par les faibles taux d'intérêt pendant tout le reste de 2012», a observé Diana Petramala, économiste à la TD, dans un rapport.

Surévaluation

Mme Petramala s'attend à un gain global de 2% du prix moyen cette année au Canada, après deux hausses consécutives de 7%. Elle estime en outre que le marché est surévalué de 10 à 15% au pays et a déjà dit s'attendre à des baisses de prix à Toronto, Vancouver et Montréal, notamment.

Le magazine The Economist, pour sa part, estime que le Canada a l'un des marchés immobiliers les plus surévalués dans le monde. Le niveau moyen des prix y est gonflé de 54%, selon une analyse publiée en mars, tout juste derrière Singapour (+60%), Hong Kong (+58%) et la Belgique (+56%).

À l'opposé, The Economist avance que les prix sont sous-évalués de 35% au Japon et de 19% aux États-Unis et en Allemagne.

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QUELQUES CHIFFRES

> Progression des prix sur un an: +0,9%

> Prix moyen d'une propriété en avril: 375 810$

> Hausse des ventes sur un an: +11,5%

Source : Association canadienne de l'immeuble