Vaudreuil-Soulanges est de moins en moins agricole. En 10 ans, le secteur s'est transformé en véritable banlieue montréalaise, avec des magasins grande surface, des quartiers entiers de maisons neuves et des centaines de nouveaux condos. Dans le cadre d'une série publiée toute la semaine, La Presse Affaires vous présente le portrait de cette région en plein essor.

> Suivez Maxime Bergeron sur Twitter

«Il y a 10 ans, c'était des champs de maïs ici», dit Lucie Lanthier, courtière chez Re/Max, en montrant un supermarché Loblaws entouré de centaines de maisons neuves.

Vaudreuil-Dorion, à l'ouest de l'île de Montréal, a connu une transformation spectaculaire en une décennie. La population est passée de 19 500 à 30 300 habitants, des quartiers entiers ont poussé de terre... et les premiers feux de circulation ont fait leur apparition au centre-ville. L'économie est florissante et le marché immobilier n'échappe pas à l'enthousiasme ambiant. Peut-être même un peu trop.

Aux alentours de la gare de train de banlieue, un vaste quartier axé sur les transports en commun se bâtit depuis quelques années. Les promoteurs y ajoutent à vive allure des commerces de grande surface, des maisons unifamiliales, et des centaines de nouveaux condos. Autant d'appartements qui inondent le marché.

Selon les données de la Fédération des chambres immobilières, le nombre d'appartements en vente a bondi de 119% dans l'agglomération au printemps! Tout cela au moment où les transactions touchant ce type de propriété ont reculé de 18% et que les délais de vente moyens se sont allongés de 12 jours, ce qui laisse poindre un surplus d'inventaire à l'horizon.

Dans son ensemble, cependant, le marché immobilier de Vaudreuil-Soulanges (qui englobe plusieurs municipalités environnantes, dont Pincourt, Les Cèdres et L'Île-Perrot) se porte encore bien. Le nombre total de transactions y a reculé d'un maigre 3% au deuxième trimestre par rapport à 2010, et la revente de maisons unifamiliales a fléchi d'à peine 1%.

Nouveau West Island

La région autrefois agricole s'est transformée depuis 10 ans en véritable banlieue mont- réalaise, multilingue et multiethnique. «De plus en plus d'Asiatiques, de Pakistanais et d'Indiens achètent ici, souligne Lucie Lanthier, courtière dans le secteur depuis 19 ans. C'est le West Island qui s'est déporté vers ici.»

Signe de cette diversification, Vaudreuil-Dorion s'est fortement anglicisé. «Avant, c'était français, maintenant, je dirais que c'est 40% anglophone, dit Mme Lanthier. C'est devenu une ville bilingue.»

La région vit un boom du condo, mais les maisons individuelles comptent encore pour 85% des ventes, note Bertrand Recher, analyste à la Société canadienne d'hypothèques et de logement (SCHL). Des maisons certes moins chères que dans l'île de Montréal, mais qui sont loin d'être des aubaines pour autant.

«Ce qui m'a toujours surpris, ce sont les prix, indique M. Recher. On pourrait dire que Vaudreuil n'est pas cher, mais quand on regarde le prix moyen, c'est 250 000$ pour une unifamiliale, ce qui vous place au-dessus de la banlieue nord et pas loin de la Rive-Sud.»

Selon l'analyste, ce prix moyen subit sans doute un «effet de composition» des secteurs les plus chers de Vaudreuil-Dorion et des maisons situées au bord de l'eau, par exemple à Hudson. En fouillant un peu, il reste des propriétés assez abordables dans les quartiers plus vieux.

«Pour 200 000$, vous pouvez avoir un bungalow des années 70 de trois chambres à coucher et 1000 pieds carrés dans le quartier de Dorion Garden, indique Lucie Lanthier. Il y a aussi des jumelés, pour la plupart aux environs de 225 000$, mais il n'y en a pas des tonnes.»

Les unifamiliales récentes situées près de la gare de train se vendent aux alentours de 350 000$, explique Mme Lanthier pendant la visite d'un coquet cottage de 1600 pieds carrés. Ses clients, qui déménagent à Toronto, demandent 339 000$ pour la maison qu'ils avaient achetée sur plan en 2009.

Même si le rythme des ventes a ralenti, la demande demeure assez forte pour les maisons très récentes, indique la courtière. Les jeunes familles privilégient nettement ce type de construction, même si elles pourraient avoir, pour le même prix, une maison plus âgée située sur un terrain beaucoup plus grand, ajoute-t-elle.

Boom du transport

La croissance de Vaudreuil-Soulanges semble loin de vouloir s'essouffler. Une bonne partie du boom est liée à l'industrie du transport - la région compte près d'une centaine d'entreprises de ce secteur - et un projet majeur viendra bientôt s'y ajouter. Le Canadien Pacifique projette une vaste gare intermodale à Les Cèdres, où des milliers de wagons de marchandises en provenance du port de Vancouver transiteront chaque jour.

«Il y a encore un essor possible: tout ce développement va amener des emplois, donc plus de résidants qui vont acheter des maisons», note Lucie Lanthier.

La nouvelle autoroute 30, qui doit être achevée en 2012, débouchera en plein coeur de Vaudreuil et permettra d'interconnecter trois autoroutes souvent congestionnées. Le chantier bat son plein et suscite beaucoup d'enthousiasme dans la région. «Ça fait 20 ans que c'est promis, les gens ont hâte», dit Mme Lanthier.

---------------

QU'OBTIENT-ON À VAUDREUIL POUR...



150 000$

Condo neuf de 1247 pieds carrés, situé au troisième niveau. L'appartement de deux chambres comprend deux places de stationnement et est située près de la gare de train de banlieue.

300 000$

Plain-pied de trois chambres construit en 2003 sur un terrain de 8776 pieds carrés. Le sous-sol est fini et offre une grande salle familiale.

500 000$

Ce cottage récent de 2750 pieds carrés compte quatre chambres à coucher et trois salles de bains. Il est situé sur un terrain de 6935 pieds carrés, non loin des magasins grande surface.

1 Million

Immeuble de 16 logements, dont tous les appartements sont loués. Les taxes et les autres dépenses totalisent 21 451$ par année, et les revenus, 87 000$.

----------------

À lire demain

Île de Montréal: le condo comme locomotive