La valeur des prêts hypothécaires assurés par la SCHL a poursuivi sa forte tendance à la hausse l'an dernier, franchissant pour la première fois le cap symbolique des 500 milliards de dollars.

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Selon le plus récent rapport annuel de la Société canadienne d'hypothèques et de logement (SCHL), le montant des prêts assurés a grimpé de 41 milliards en 2010, pour atteindre 514 milliards. Il s'agit d'un bond de 76% en à peine cinq ans.

Au Canada, les acheteurs de maisons qui versent moins de 20% comptant doivent souscrire à une assurance de leur prêt hypothécaire. Quelques firmes privées offrent ce service, mais la SCHL - un organisme de la couronne - domine ce marché.

L'ampleur des sommes assurées par la SCHL inquiète Louis Gagnon, professeur de finances à la Queen's School of Business qui suit de près le marché immobilier. «Il est fort probable que lorsque les taux d'intérêt vont se mettre à remonter, il y aura un paquet d'emprunteurs qui ne seront pas capables de faire face à leurs paiements d'hypothèque», a-t-il souligné hier à La Presse Affaires.

«C'est fort possible que, éventuellement, on rencontre des pertes et que la SCHL soit obligée d'essuyer ces pertes-là», a-t-il poursuivi.

Contribuables à risque?

Plus tôt cette année, l'organisme torontois C.D. Howe a publié une étude alarmiste sur les risques auxquels s'expose la SCHL. Selon Finn Poschmann, vice-président à la recherche, la société d'État - et par ricochet les contribuables canadiens - pourrait perdre «plusieurs dizaines de milliards» advenant un revers important du marché de l'habitation.

C.D. Howe plaide pour un retrait graduel de la SCHL des activités d'assurance hypothécaire, qui pourraient être prises en charge par le secteur privé.

La SCHL a répliqué en insistant sur la solidité des prêts assurés. L'organisme en rajoute dans son rapport annuel publié jeudi dernier.

«La SCHL gère aussi ses risques au moyen de pratiques de souscription prudentes et cohérentes, ce qui inclut l'exigence de preuves qu'un emprunteur est apte et disposé à gérer ses obligations financières», écrit-on.

La SCHL souligne la bonne cote de crédit moyenne des propriétaires ayant contracté une hypothèque à rapport prêt-valeur élevé. Celle-ci a atteint 722 l'an dernier, un score fort acceptable sur l'échelle de 300 à 900 utilisée par l'industrie.

Les responsables de la SCHL n'étaient pas disponibles pour accorder une entrevue à La Presse Affaires, hier. Ils donneront plus de détails sur leur rapport annuel ce matin, pendant une téléconférence.

Titrisation

Par ailleurs, la SCHL a joué un rôle de premier plan pour soutenir les banques canadiennes à la suite de la crise financière de 2008. Sous l'impulsion d'Ottawa, l'organisme s'est porté garant d'une vaste quantité de titres hypothécaires, ce qui a permis aux banques de se protéger en cas de défaut de paiement - et de continuer à prêter à bon rythme aux ménages du pays.

Les cautionnements en vigueur sont ainsi passés de 130 milliards en 2006 à 326 milliards l'an dernier, apprend-on dans le rapport annuel 2010. Seulement l'an dernier, la SCHL a cautionné pour 95 milliards de nouveaux titres hypothécaires.

La Société s'attend à une forte baisse des titres cautionnés cette année, à 52 milliards. Cela équivaudrait à peu près au niveau de 2007.

Quelque 479 000 propriétés ont changé de main l'an dernier au Canada, des transactions qui ont totalisé 160 milliards de dollars. En juin, la valeur de revente moyenne d'une maison était de 372 700$ au pays, en hausse de 8,7% en un an.