Le prix moyen des maisons a atteint un nouveau sommet historique le mois dernier au Canada, à 371 000$, mais il devrait finir l'année 2011 en légère baisse, a fait valoir hier la Banque TD.

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«Il devrait se situer à 335 900$, soit en baisse de 0,9% par rapport au prix moyen de 2010», a indiqué à La Presse Affaires Leslie Preston, analyste économique à la banque torontoise.

La TD s'attend en outre à un autre léger repli de 1,4% l'an prochain, qui viendrait placer la valeur de revente moyenne à 331 000$. Pour l'heure, cependant, les prix poursuivent leur hausse, propulsés en partie par la vigueur exceptionnelle du marché de Vancouver.

«Les ventes records conclues à Richmond et Vancouver Ouest, dont la valeur des propriétés s'élevait à plusieurs millions de dollars, ont fait grimper le prix moyen pour la région du Grand Vancouver, en Colombie-Britannique, et à l'échelle nationale», a souligné Gregory Klump, économiste en chef de l'Association canadienne de l'immeuble (ACI), dans un rapport publié hier.

Selon les chiffres de l'ACI, le prix moyen a bondi de 8,9% au Canada le mois dernier par rapport à mars 2010. En excluant Vancouver des calculs nationaux, la valeur de revente moyenne aurait grimpé d'un plus modeste 4,3% à l'échelle du pays.

Baisse des ventes

Le marché immobilier demeure vigoureux dans la plupart des régions, mais le nombre total de transactions - 45 960 - est en recul de 6,6% par rapport au mois frénétique de mars 2010. Les ventes totales du premier trimestre de 2011 sont toutefois 4,5% plus élevées que pendant les trois derniers mois de l'an dernier.

«Il est possible que les récentes modifications apportées aux règlements hypothécaires aient précipité bon nombre de ventes dans certains des marchés résidentiels canadiens les plus dispendieux au cours du premier trimestre, ventes qui autrement ne se seraient réalisées que plus tard dans l'année», a expliqué l'ACI dans son rapport.

Rappelons qu'Ottawa a donné le mois dernier son troisième tour de vis depuis 2008 dans le financement hypothécaire, en abolissant notamment l'amortissement maximal de 35 ans. Une mesure destinée à éviter une surchauffe du marché et un endettement excessif des ménages.

«Atterrissage en douceur»

La légère baisse des ventes sur un an, combinée au ralentissement des hausses de prix (sauf à Vancouver), font dire à Douglas Porter, économiste de la BMO, que le marché canadien est revenu «en eaux plus calmes». Les hauts et les bas extrêmes des trois dernières années semblent être chose du passé, selon lui.

«Le marché canadien de l'habitation semble se diriger vers un atterrissage en douceur, à tout le moins dans la vaste majorité des villes», a noté M. Porter.

L'ACI parle elle aussi d'une stabilisation du marché, après le fort recul du nombre de transactions de 2008-2009 et le rattrapage furieux de 2010. «Les ventes nationales au cours des trois premiers mois de 2011 ont frôlé les moyennes mensuelles répertoriées au cours des 5 à 10 dernières années», a-t-on indiqué.

Règle générale, le marché immobilier demeure sain dans la plupart des régions au pays, a affirmé Gary Morse, président de l'ACI. «La majorité des marchés résidentiels locaux au Canada sont bien équilibrés, mais ce n'est pas le cas pour tous les marchés.»

Le ratio d'écoulement de l'inventaire, soit le nombre de mois qu'il faudrait pour vendre toutes les propriétés sur le marché, s'est établi à 5,6 mois en mars, au même niveau qu'en février. «Le marché résidentiel s'est maintenu en équilibre à l'échelle nationale, ce qui a fait du mois de mars la période la plus stable au pays en plus d'un an», a soulevé l'ACI.

À Montréal, la plupart des secteurs demeurent à l'avantage des vendeurs, à l'exception de la couronne nord et de Vaudreuil-Soulanges qui viennent de rejoindre le point d'équilibre. Cela contribue aux hausses de prix encore assez fortes observées dans la région métropolitaine.

Par ville, le prix moyen a grimpé de 13,4% sur un an en mars à Vancouver (à 786 000$), de 4,9% dans le Grand Toronto (à 456 000$), de 6,7% dans la région métropolitaine de Montréal (à 307 000$) et de 2,3% à Québec (à 239 000$), note l'ACI.

Trois marchés de l'ouest du pays ont quant à eux enregistré des baisses le mois dernier. Les prix moyens ont reculé de 5,3% sur un an à Victoria, en Colombie-Britannique (à 494 000$), de 4,8% à Edmonton (à 327 000$) et de 1,7% à Calgary (à 399 000$).

Selon Douglas Porter, de la BMO, les discussions persistantes quant au risque d'une correction sévère du marché de l'habitation sont «très concentrés géographiquement», surtout à Vancouver.