Fini le café pour les Van Houtte. La famille s'est discrètement plongée dans l'immobilier après avoir cédé son entreprise à des intérêts américains en 2007, et elle lance aujourd'hui même son premier projet d'envergure dans le quartier Villeray, à Montréal.



Le Liguori, situé à l'angle de la rue Lajeunesse et du boulevard Crémazie - en bordure de l'autoroute métropolitaine -, comprendra 211 condos répartis sur huit étages, ainsi qu'une coopérative d'habitation et des locaux de bureaux dédiés à des organismes communautaires. L'église Saint-Alphonse-d'Youville et le monastère des pères rédemptoristes, tous deux situés sur le terrain acquis par Groupe immobilier Van Houtte (GIVH), seront intégrés au projet estimé à 80 millions de dollars.

L'entreprise s'est engagée à respecter le patrimoine religieux. Ainsi, GIVH ne construira pas de condos à l'intérieur de l'église, mais plutôt sur le terrain vague adjacent. Le monastère, où logeaient les pères rédemptoristes, sera quant à lui converti en 24 appartements locatifs abordables.

«Il a fallu négocier avec le diocèse, ça a même été jusqu'au Vatican, raconte à La Presse Affaires Pierre-Luc Van Houtte, président de GIVH. Pourvu qu'on transforme l'église pour en faire quelque chose de communautaire, eux, d'emblée, ils sont contents.»

L'église sera convertie en bureaux destinés à des groupes sociaux, dans la dernière phase du projet. Une chapelle ainsi qu'un local de prière de 150 places - plutôt que 600 aujourd'hui - seront conservés, a affirmé M. Van Houtte.

Famille discrète

La famille Van Houtte s'est faite discrète depuis la vente de sa chaîne de cafés au fonds d'investissement américain Littlejohn&Co. en 2007 pour 600 millions. Ainsi, la création de GIVH par les sept descendants d'Albert-Louis Van Houtte - qui a lancé sa première épicerie fine en 1919 - est passée inaperçue il y a un an.

Le groupe s'est depuis lancé dans une série d'acquisitions d'immeubles commerciaux et de terrains à Laval, dont un lot de 800 000 pieds carrés à Sainte-Rose qui sera subdivisé. «On avait des placements à faire, et on s'est diversifié en regardant du côté de l'immobilier», a souligné Pierre-Luc Van Houtte.

Dans le cas du Liguori, GIVH a travaillé avec les autorités municipales «pendant un bon huit mois» avant de finaliser l'achat des terrains auprès des pères rédemptoristes. «On est passé devant les comités d'urbanisme et du patrimoine avant de faire l'acquisition, pour ne pas non plus se retrouver le bec à l'eau», a dit M. Van Houtte.

Le projet a été approuvé le mois dernier. Dans le sommaire décisionnel du conseil d'arrondissement, on fait valoir qu'il assurera la sauvegarde des édifices patrimoniaux, en plus de fournir de nouvelles habitations abordables. L'immeuble de huit étages contribuera en outre à atténuer le bruit de l'autoroute métropolitaine - dont la vue est omniprésente - pour les résidants du quartier, avance-t-on.

«Ça va être une nouvelle façon d'habiter un lieu de culte», a observé Anie Samson, maire de l'arrondissement de Villeray-Saint-Michel-Parc-Extension, qui se dit satisfaite des retombées prévues.

Quelque 30% des 211 condos seront «abordables», soutient GIVH. Cela signifie qu'un appartement d'une chambre à coucher se vendra sous les 200 000$ (taxes incluses) et qu'une unité de deux chambres se détaillera moins de 265 000$. Dans l'ensemble du projet, les tarifs oscilleront entre 280$ et 320$ le pied carré.

GIVH, qui vise la certification LEED, ouvre son bureau des ventes aujourd'hui. Le groupe espère commencer la construction en mai et livrer ses premiers condos en juin 2012.