La Russie tente de démontrer son sérieux aux investisseurs intéressés à injecter des capitaux dans la construction d'une immense zone de ski de 15 milliards US aux alentours de Sotchi, où se tiendront les Jeux olympiques d'hiver en 2014.

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Le promoteur du projet, Northern Caucasus Resort (NCR), offre une panoplie de garanties aux investisseurs potentiels, peut-être effarouchés par la triste réputation du pays en matière de corruption. Ceux-ci bénéficieront des crédits fiscaux et d'une garantie étatique de 70% pour tous les prêts bancaires. L'organisation exigera aussi que les soumissions présentées respectent les critères de l'Union européenne, une première en Russie.

Akhmed Bilalov, président du conseil de NCR et vice-président du comité olympique russe, mise très gros sur la croissance de cette région du Caucase, qui attire à peine un million de visiteurs par année. «On s'attend à avoir 10 millions de touristes par année d'ici 2020», a-t-il dit hier à La Presse Affaires en marge du MIPIM, le plus grand congrès mondial en immobilier, à Cannes.

NCR veut construire cinq centres de ski et des stations balnéaires dans cette région de 50 000 km2 comprise entre la mer Noire et la mer Caspienne. Il espère que les Russes y prendront leurs vacances estivales, plutôt que d'aller à Dubaï ou en Turquie, comme ils le font aujourd'hui.

«On vise d'abord notre marché intérieur, qui est affamé, a souligné M. Bilalov. On a 145 millions de personnes en Russie, et autant dans les anciennes républiques soviétiques.»

Terrorisme

La menace terroriste plane toutefois sur toute la région du Caucase, comme en témoigne le bombardement d'un remonte-pente il y a à peine trois semaines à Kabardino-Balkaria, à 240 km de Sotchi. Le nombre d'attentats - 41 - a triplé dans la région l'an dernier, selon Bloomberg, ce qui laisse croire à un crescendo de violence en prévision des Jeux.

Questionné à plusieurs reprises sur la question des risques sécuritaires, Akhmed Bilalov s'est montré évasif. Il a déploré que le terrorisme soit «présent partout aujourd'hui», avant d'ajouter que les emplois créés permettraient de stabiliser la région.

«Ça va amener énormément d'emplois - entre 150 000 et 200 000 -, ce qui aidera vraiment à améliorer la situation dans la région», a-t-il fait valoir.

Le budget prévu des JO de Sotchi est de 5 milliards US, ce qui exclut les sommes prévues pour la construction de projets récréotouristiques de NCR dans la région.

Quelles leçons la Russie a-t-elle tirées des Jeux de Vancouver? Tout d'abord, le besoin d'encadrer de plus près le développement de ses athlètes. L'organisation a embauché comme consultants quatre professionnels du programme canadien «À nous le podium» pour améliorer son score en prévision de 2014. «Nous avons besoin de 16 médailles d'or pour être les premiers à Sotchi, c'est aussi simple que ça», a lancé, mi-sourire, Akhmed Bilalov, vice-président du comité olympique russe, en marge du MIPIM à Cannes. Il admet avoir été insatisfait de la performance des athlètes russes, qui ont connu les pires Jeux de l'histoire du pays en 2010. Et comment M. Bilalov juge-t-il la performance globale de Vancouver en rétrospective? «Ç'a été très difficile au début d'un point de vue organisationnel et financier, mais finalement, ces Jeux ont été fantastiques.»