Les groupes de défense des locataires reconnaissent que les mauvais payeurs existent, mais selon eux, le véritable problème repose dans l'incapacité de payer vécue par de plus en plus de ménages.

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«Le nombre de causes pour non-paiement a augmenté de 16% au Québec depuis 2000, remarque François Saillant, porte-parole du Front d'action populaire en réaménagement urbain (FRAPRU). On ne peut pas considérer que c'est étranger à la hausse des loyers depuis ce temps-là, qui atteint 31% à Montréal.»

France Émond, porte-parole du Regroupement des comités logement et associations de locataires du Québec, déplore pour sa part ce qu'elle considère comme une hiérarchie entre les «bons» et les «mauvais» pauvres.

«Les bons pauvres sont ceux qui paient leur loyer: il faut qu'ils aillent se chercher à manger dans les comptoirs alimentaires, qu'ils s'habillent chez Friperie Renaissance, qu'ils gèrent toute leur vie pour que la totalité de leurs revenus aille sur le loyer, dit-elle. Ça n'a pas de bons sens. On peut comprendre qu'à un moment donné, ils vont en manquer un ou deux, s'il y a des bottes à acheter...»

L'organisme prône les ententes à l'amiable entre locataires et propriétaires pour régler les causes de non-paiement de loyer. Mme Emond réclame aussi une trêve hivernale pour les expulsions.

La porte-parole dénonce par ailleurs les délais imposés aux locataires à la Régie du logement.

Le délai moyen pour obtenir une audience liée à une cause générale - comme la présence de vermine ou de moisissures - s'élevait à 17,3 mois l'an dernier à la Régie, contre 1,3 mois pour les dossiers de non-paiement de loyer. Il s'agit d'une véritable «discrimination administrative» en faveur des propriétaires, lance Mme Émond.

Jean-Pierre Leblanc, porte-parole de la Régie, réfute ces accusations. Il fait valoir que les causes de non-paiement doivent être entendues rapidement en raison du préjudice financier subi par les propriétaires, et qu'elles sont tranchées en peu de temps puisqu'elles reposent généralement sur une preuve factuelle.